Expliciter les exigences ou anticiper les (im)possibilités. Des effets multiples des caractéristiques sociales et scolaires des groupes-classes sur les progressions scolaires des collégiens

le Lundi 26 Octobre 2015 à l’Ined, salle Sauvy, de 11h30 à 12h30

Présenté par Joanie Cayouette-Remblière (Ined) ; Discutant : Mathieu Ichou (Ined)

Il semble désormais admis qu’un élève progresse d’autant mieux au collège qu’il fréquente une « bonne classe ». Cette « croyance » n’est d’ailleurs pas sans effets : les palmarès d’établissements se multiplient et les parents sont de plus en plus nombreux à chercher à contrôler les conditions de scolarisation de leurs enfants. Or, la littérature sur la question – qu’elle s’intéresse à la composition sociale (« social mix ») ou aux résultats scolaires moyens des élèves (« academic mix ») – n’approche la question que de façon partielle, restant souvent cantonnée au niveau établissement, ne ciblant que rarement les groupes-classes et ne distinguant pratiquement jamais les différents niveaux scolaires que sont les classes de 6e, 5e, 4e et 3e.

En s’appuyant sur une base de données localisées construite par mes soins et permettant de retracer les parcours scolaires de deux cohortes de collégiens entrés en 6e en 2001 ou 2002 dans deux collèges (n=530) au moyen de leur dossier scolaire, cette présentation entend discuter de la multitude des effets des groupes-classes. Si les classes regroupant des élèves plus favorisés socialement semblent aller de pair avec de meilleurs apprentissages, nous montrerons que l’effet du niveau scolaire (réel ou perçu) du groupe-classe est plus complexe qu’il n’y parait. Dans le cas étudié, les analyses multiniveaux démontrent un effet propre négatif de la moyenne des résultats scolaires des élèves de la classe de 6e, et un effet propre positif dans la classe de 3e. Ce résultat contre-intuitif est ensuite éclairé par une analyse des adaptations pédagogiques des enseignants au niveau (réel ou perçu) de leur classe. Enfin, nous montrerons que, en plus des caractéristiques sociales et scolaires du contexte, la position relative de l’élève dans ce contexte influence grandement ses acquisitions scolaires.

 

Joanie Cayouette-Remblière

Joanie Cayouette-Remblière est chargée de recherche à l’Ined. Elle a soutenu une thèse de sociologie sur les inégalités scolaires dans l’école des années 2000, sous le titre Le marquage scolaire. Une analyse « statistique ethnographique » des trajectoires des enfants de classes populaires à l’École. Elle travaille à présent sur la socialisation au sein des nouveaux quartiers de mixité sociale volontariste. Elle s’appuie sur des données statistiques et ethnographiques et s’intéresse tout particulièrement à l’articulation des méthodes. 

Elle a entre autres publié :

« De l’hétérogénéité des classes populaires (et de ce que l’on peut en faire). Pour une sociologie de l’articulation », Sociologie, n° 4, 2015.

« Les classes populaires face à l’impératif scolaire. Orienter les choix dans un contexte de scolarisation totale », Actes de la recherche en sciences sociales, vol. 205, p. 58-71, 2014.

« Les écarts se creusent-ils en cours de collège ? », Éducation et formations, n° 84, 2013, p. 29-40, 2013.

« Reconstituer une cohorte d’élèves à partir de dossiers scolaires. La construction d’une statistique ethnographique », Genèses, n° 85, p. 115-133, 2011.