Les quatre temps des catastrophes. Démographie des événements extrêmes.

le Lundi 28 Septembre 2015 à l’Ined, Salle Sauvy de 11h30 à 12h30

Présenté par Jacques Véron (Ined) ; discutante : Sylvie Fanchette (IRD-Ceped)

La démographie des catastrophes peut être envisagée sous l’angle des densités de population dans des zones à risque. Quelles évolutions observe-t-on, en lien avec le changement climatique par exemple (montée du niveau de la mer) ? Un autre angle consiste à identifier -voire mesurer- les conséquences démographiques (et sanitaires) des catastrophes, que celles-ci soient naturelles ou non. En définitive deux questions principales se posent : dans quelle mesure les facteurs démographiques expliquent-ils la gravité des catastrophes ? Quelles sont les « réponses » apportées par les populations aux événements extrêmes qu’elles subissent ? Pour tenter de répondre à ces questions, il est nécessaire de préciser la dimension démographique des catastrophes mais en veillant à bien prendre en compte les autres dimensions de manière à intégrer les effets d’interaction.

Afin de mieux comprendre la manière dont les dynamiques démographiques interagissent avec des variables écologiques, économiques, sociales, etc., aussi bien avant qu’une catastrophe ne se produise qu’après, il nous est apparu utile de distinguer différentes périodes dans l’histoire des catastrophes, différentes temporalités. La première est le temps de la montée des risques. Les phénomènes sont observables sur le moyen ou long terme mais parfois aussi sur le court terme. La croissance de la population, à travers l’élévation des densités, joue un rôle important. Le deuxième temps est celui de l’urgence, lorsque la catastrophe se produit. La période d’observation est alors le très court terme. Le troisième temps est celui de la résilience qui s’analyse principalement sur le moyen terme. C’est le temps de la reconstruction dans la mesure où elle est possible. Le quatrième temps est celui du souvenir, de la mémoire de la catastrophe. Avec le renouvellement des générations, les populations tendent à oublier les événements mêmes tragiques. Ces temps ne sont évidemment pas disjoints mais les dynamiques démographiques ne sont pas les mêmes au cours de ces quatre périodes.
Pour mener à bien cette analyse, nous considérons l’histoire d’un certain nombre de catastrophes, naturelles ou technologiques, qui se sont produites dans des pays développés aussi bien qu’en développement (Etats-Unis, Japon, Inde, Indonésie, Haïti, etc.), le niveau d’organisation des pays et les moyens financiers dont ils disposent les différenciant fortement pour ce qui est de la « gestion » des catastrophes.

 

Jacques Véron

Jacques Véron est démographe. Ses travaux portent principalement sur la relation entre population, environnement et développement. Il s’intéresse par ailleurs à la démographie de l’Inde et à l’histoire de la démographie. Il a été pendant de nombreuses années membre de la délégation française à la Commission de la population et du développement des Nations Unies. Il a publié divers ouvrages parmi lesquels Arithmétique de l’Homme (Le Seuil, 1993), Population et développement, (Puf, 1994 et 1996), Le monde des femmes (Le Seuil, 1997), Leibniz et les raisonnements sur la vie humaine (en coll., Ined, 2001), L’espérance de vivre (Le Seuil, 2005), Ages, Generations and the Social Contract. The Demographic Challenges facing the Welfare State, (Springer, 2007) et Démographie et écologie (La Découverte, 2013). Il a par ailleurs codirigé un Dictionnaire de Démographie et des sciences de la population (Armand Colin, 2011).