Carlo-Giovanni Camarda, chargé de recherche

Carlo-Giovanni Camarda est chargé de recherche à l’Ined au sein de l’unité mortalité, santé, épidémiologie (UR5).

© Ined

Quel parcours vous a mené à l’Ined?

Mon parcours a commencé dans mon pays, l’Italie, par un master en statistiques démographiques à La Sapienza, l’université de Rome. Je m’intéressais beaucoup à l’histoire, mais aussi aux mathématiques : la démographie était un bon compromis. Pour ma thèse de master, j’ai retracé l’histoire des territoires palestiniens au XXe siècle d’un point de vue démographique. Mais à la fin de mes études en Italie, j’ai abandonné la démographie descriptive pour m’orienter vers la méthodologie. J’ai aussi évolué en Europe : j’ai passé un an en Angleterre, je me suis inscrit en thèse à Madrid et j’ai été accueilli comme doctorant à l’institut Max-Planck de démographie, à Rostock en Allemagne, où j’ai continué à travailler après mon doctorat. Finalement, c’est à Paris que j’ai voulu m’installer. J’avais déjà collaboré avec des chercheurs de l’Ined, c’était donc pour moi une évidence : si je venais à Paris, mon rêve, c’était de travailler à l’Ined.

Quelle est votre activité à l’Ined ?

Je suis arrivé à l’Ined comme chercheur invité au printemps 2011 et j’ai réussi un concours de recrutement l’année suivante pour devenir chargé de recherche. Je travaille au sein de l’unité de recherche mortalité, santé, épidémiologie (UR5). Aujourd’hui, je tente de créer les instruments qui permettent d’exploiter des données de multiples pays. Mon projet principal porte sur la méthodologie de l’étude de la mortalité selon les causes de décès. J’essaie d’automatiser la reconstruction des séries statistiques. Tous les dix ans environ, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) change la classification internationale des maladies qui répertorie les causes de décès. Au fil du temps, certaines maladies disparaissent, d’autres font surface comme le sida dans les années 1980. Pour étudier l’évolution de la mortalité selon les causes sur de longues périodes, il faut d’abord harmoniser les données. Si vous voulez suivre la mortalité par infarctus depuis 50 ans par exemple, mais que la définition de l’infarctus a changé entre temps, il faut trouver comment redistribuer les chiffres, sinon les comparaisons n’auraient aucun sens. Avant les démographes le faisaient « à la main », tableaux par tableaux, mais cela prend des mois, voire des années, sachant qu’il y a 200 à 300 causes de décès. Le but de mes travaux est de pouvoir le faire en un « clic ». Je supervise la partie méthodologique d’un projet international entre l’Ined et le Max Planck Institute, avec des correspondants au Japon, en Roumanie, aux Etats-Unis… L’objectif est de publier sur un site internet les données sur la mortalité dans une quinzaine de pays depuis 1950. J’aime la méthodologie car elle permet de toucher à tous les domaines : la fécondité, les migrations… Pour le moment, je travaille sur la mortalité, ce qui est plus simple finalement pour les modèles mathématiques. Car s’il est possible d’avoir plusieurs enfants par exemple, en revanche on ne meurt qu’une fois ! Comme je dis souvent, en mortalité, la probabilité, c’est toujours un…

Quelle est, pour vous, la spécificité de l’Ined ?

La liberté de recherche est très grande : j’ai la possibilité de participer à d’autres projets, de collaborer avec des universités, d’enseigner en France ou à l’étranger, ce qui serait presque impossible ailleurs. C’est important pour un chercheur de ne pas se consacrer uniquement à un projet. J’apprécie aussi le haut niveau des chercheur-e-s de l’Ined, tous de grande qualité. C’est enrichissant de pouvoir discuter avec des collègues qui comprennent vos travaux. Et j’aime l’atmosphère très amicale et conviviale de l’institut, les repas à la cantine où tout le monde se croise et vous pouvez échanger au cours du repas avec des spécialistes des questions économiques, historiques…