Rechercher une publication

Afficher plus de champs
@@src2@@

Le va-et-vient identitaire

Collection : Cahiers

140, 1997, 144 pages

Papier

n° ISBN 978-2-7332-0140-4

18,50 € Acheter

Avertissement
Préface
Introduction

Chapitre I. – Organisation sociale et encadrement de l’individu
Chapitre II. – Les politiques de peuplement
Chapitre III. – Définitions des unités et de la population urbaines
Chapitre IV. – Population urbaine et réseau urbain
Chapitre V. – Du laisser-faire aux naissances planifiées
Chapitre VI. – La politique de l’enfant unique
Chapitre VII. – Les voies du contrôle : 1) La nuptialité féminine
Chapitre VIII. – Les voies du contrôle : 2) La prévention des naissances
Chapitre IX. – La fécondité chinoise
Chapitre X. – Limitation et masculinité des naissances

Conclusion

Glossaire
Bibliographie
Liste des tableaux
Liste des graphiques
Liste des cartes et des diagrammes


La vague migratoire des Portugais vers l’Europe et singulièrement vers la France remonte aux années soixante. Progressivement, et à la faveur du regroupement familial, c’est une communauté de près d’un million de personnes qui s’installe en France. Dispersés sur l’ensemble du territoire, avec cependant une forte concentration dans la Région parisienne et dans les grandes villes, les Portugais organisent des pratiques systématiques de va-et-vient entre " ici ", la France, et " là-bas ", le village natal. Les Portugais, qui retournent au pays pendant les vacances, investissent dans leur village la construction d’une maison est le symbole de la réussite et s’efforcent de participer à sa vie malgré leur longue absence annuelle.

Pendant près de 30 ans, s’est ainsi constitué un savoir-faire migratoire collectif qui a toujours permis d’assurer l’équilibre des sociétés locales et a facilité l’insertion des communautés portugaises dans les pays d’accueil.

Reste à savoir, ce temps passé, et alors qu’une nouvelle histoire de l’immigration s’ébauche avec l’insertion des enfants dans la société d’accueil, ce qui se joue là-bas, sur la terre natale, dans le " cantinho ". Reste à s’interroger sur les rapports aux différents espaces nationaux et locaux dans lesquels évolue le migrant portugais. Dès lors ce sont les rythmes et les temps des mobilités, puis les changements locaux apportés par l’expérience vécue là-bas et ici, qui sont saisis et analysés, là même où se retrouvent périodiquement ceux qui sont partis et ceux qui sont restés. Reste enfin à comprendre " le village de l’émigré " quand tous s’accordent à le faire vivre.

C’est de ce lieu central que l’on mesure le mieux le cours de la dynamique migratoire; voilà pourquoi le temps de la recherche s’est déroulé pendant les vacances d’été, moments privilégiés de la rencontre entre Portugais mais aussi moments privilégiés où chacun mesure les changements, se situe dans une société qui retrouve toutes ses composantes, moments privilégiés enfin, d’observation des processus d’interaction, des rituels de retrouvailles, des cérémonies familiales, mariages ou baptêmes, des fêtes votives, des foires hebdomadaires et enfin des jeux et enjeux sociopolitiques locaux.

Tout d’abord perdure un système migratoire constitué à partir de chaque espace local originel, centre d’impulsion initial devenu moteur de polarisation et de régulation sur le temps long. Le village met en commun les expériences plurielles des familles de migrants et doit inventer en permanence les moyens de garder son potentiel attractif et émotionnel. En second lieu le village s’efforce de repousser en permanence la tentation à l’assimilation à la société d’accueil et de maintenir le sens du va et vient. Cet équilibre pour l’instant est parfaitement réalisé, mais il risque d’être mis en cause dans l’avenir par les choix modernistes de la société de départ, dont les dirigeants ne voient plus dans l’émigration un facteur national de développement, mais une entrave au rattrapage du pays. Dès lors, singulier paradoxe, il apparaît que ce n’est pas l’hypothétique séduction de la société d’accueil qui menacerait le " système migratoire " portugais mais l’érosion des fondements de sa logique interne.

Enfin, et l’exemple du Portugal prend ici à rebours les évidences du sens commun, alors que les Portugais sont perçus en France comme le modèle de l’immigré dont l’intégration n’est mise en cause par personne, ils disposent des moyens les plus achevés pour préserver leur identité et maintenir les liens avec la terre natale. Et, comme le suggère encore l’exemple portugais, même si tout change à grande allure, l’attrait du va-et-vient a encore de beaux jours... à moins que les héritiers des migrants ne se retrouvent plus dans " le conservatisme modernisé " des parents. Alors le va-et-vient migratoire disparaîtra et les jeunes Portugais, avec l’unification de l’espace européen, auront à définir d’autres formes d’appartenances.


Du même auteur

Sur le même thème