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William Petty. Observateur des Îles britanniques

Collection : Études et enquêtes historiques

2004, 344 pages

Papier

n° ISBN 978-2-7332-1030-7

22,00 € Acheter
Introduction

Première partie – Aux sources de la pensée démographique
- Chapitre 1. – Les années de formation
- Chapitre 2. – « Number, weight and measure » : la vision scientifique
- Chapitre 3. – L’exploitation des sources

Deuxième partie – Une approche anatomique de la population
- Chapitre 4. – Les évaluations de la population des îles Britanniques
- Chapitre 5. – Population et richesse nationale
- Chapitre 6. – L’étude de la mortalité

Troisième partie – La science des populations
comme instrument de gouvernement
- Chapitre 7. – La démographie appliquée à la gestion des hommes
- Chapitre 8. – La transplantation des Irlandais

Quatrième partie – La dynamique des populations
- Chapitre 9. – La croissance démographique
- Chapitre 10. – La vision populationniste
- Chapitre 11. – La « multiplication de l’espèce humaine »
- Conclusion. – De l’arithmétique politique à la démographie moderne


Le nom de William Petty (1623-1687) est indissociable de la naissance de la démographie en Angleterre dans la seconde moitié du XVIIe siècle. L’œuvre de ce médecin de formation, membre fondateur de la Royal Society de Londres et pionnier de l’économie politique, s’inscrit dans le contexte de la révolution scientifique européenne. Une nouvelle approche des sciences de la nature, fondée sur la quantification et l’observation des phénomènes, s’impose alors. Petty, transposant ces principes à l’étude des sociétés humaines, pose les fondements d’une étude quantitative de la population anglaise et irlandaise. En l’absence de recensement, il propose les premières estimations réalistes du nombre d’habitants des îles Britanniques à partir de l’exploitation systématique d’un corps de statistiques démographiques. Il analyse aussi les mécanismes de la croissance de la population et tente de formuler les lois mathématiques régissant la mortalité et la fécondité.
La première partie de l’ouvrage, centrée sur les années de formation de Petty, retrace l’origine de son intérêt pour les questions de population. C’est dans l’Irlande de l’Interrègne que s’élabore sa réflexion. Petty est alors chargé de recenser l’ensemble du territoire, dans le cadre du grand projet cromwellien de confiscation des terres des catholiques. Se passionnant pour la géographie économique et humaine, il jette les bases de ce qu’il appellera son « anatomie politique », entreprise de recensement des richesses de la nation, au premier plan desquelles figure la population.
L’examen critique des méthodes de dénombrement de la population qu’il met au point constitue le second volet de cet ouvrage. Le caractère lacunaire des sources à cette époque représentait un obstacle de taille à toute entreprise de ce type, en même temps qu’un défi. Les imperfections des statistiques ecclésiastiques ont contraint Petty à recourir à d’autres données, comme les registres fiscaux. Au fil des écrits d’« arithmétique politique » qui l’ont rendu célèbre, il perfectionne la méthode dite du multiplicateur et corrige les idées reçues de ses contemporains sur le nombre d’habitants de l’Angleterre et de l’Irlande.
L’étude quantitative des populations trouve un prolongement direct dans l’art de gouverner. Réformateur infatigable, Petty entend poser les fondements d’une gestion rationnelle des ressources humaines du pays. Il s’attache à déterminer les caractéristiques de la population – structure par âge, profession ou statut social, répartition géographique – et met en lumière les applications pratiques de ce savoir, qu’il s’agisse de fixer au plus juste le montant de l’impôt ou d’assurer des conditions d’emploi optimales. Le savoir démographique apparaît aussi comme un préalable nécessaire à l’élaboration de toute stratégie politique. Petty, soucieux de pacifier l’Irlande où s’affrontent catholiques et protestants pour la maîtrise du territoire, conçoit dans les années 1680 un grand projet visant à « transplanter » en Angleterre un million d’Irlandais catholiques. La manière dont ce projet allie des arguments quantitatifs d’une grande précision à une vision que l’on peut qualifier d’utopique est emblématique de la pensée de Petty, grisé par les possibilités infinies de maîtrise de l’élément humain que semble offrir l’analyse quantitative.
Familier des Observations... de Graunt, Petty s’est également intéressé à la dynamique des populations, dernier volet de cette étude. Inventeur de la méthode des projections démographiques, il tente d’élaborer un modèle mathématique susceptible de rendre compte du rythme de croissance d’une population. Ses travaux demeurent tributaires des représentations de l’époque, marquées par le populationnisme et la hantise d’une dépopulation de l’Angleterre à laquelle semble contribuer l’envoi d’hommes dans les colonies. à la fin de sa vie, il entrevoit la possibilité d’accélérer le peuplement des îles Britanniques, voire de l’ensemble du monde, par une politique active d’encouragement au mariage et à la natalité. Ce projet, dont la démesure et l’irréalisme font écho à celui de la transplantation des Irlandais, constitue l’une des parties les plus novatrices de l’œuvre de Petty : il tente de chiffrer l’impact de l’âge au mariage sur la fécondité et s’interroge sur le rôle régulateur de l’État en matière de comportements démographiques.
L’œuvre de Petty est celle d’un visionnaire, doté d’une conscience aiguë, à bien des égards prémonitoire, des mécanismes démographiques fondamentaux. Elle témoigne de la société anglaise et irlandaise de la Restauration et des conditions qui président à l’émergence d’une nouvelle science.
Le présent ouvrage retrace le parcours intellectuel de ce personnage hors du commun et propose une analyse critique de ses travaux sur la population. L’examen de documents inédits ou peu connus permet de mieux appréhender les fondements statistiques de ses évaluations ainsi que ses méthodes de collecte et de traitement des sources. Il éclaire d’un jour nouveau la naissance de l’arithmétique politique anglaise à la fin du XVIIe siècle.

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