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Nommer et compter les violences envers les femmes : une première enquête nationale en France

Population et Sociétés

364, janvier 2001

  • L’espace sexiste des grandes métropoles
  • Au travail : entre les insultes des clients et la compétition professionnelle
  • Le huis-clos conjugal, haut lieu des violences
  • Environ 50 000 femmes de 20 à 50 ans victimes de viol en un an

 

 

Comment quantifier les violences, définies comme les atteintes à l’intégrité physique et psychique de la personne ? Essentiellement vécues dans la vie quotidienne, fondées sur un rapport de force ou de domination, les violences restent la plupart du temps de l’ordre du privé, circonscrites à des affaires personnelles. Elles sont souvent occultées, voire déniées par les victimes elles-mêmes. Or, pour compter les violences, il faut les dire, et pour les dire, il faut les nommer : deux impératifs qui nécessitent la mise au point d’une méthode appropriée.

L’enquête nationale sur les violences envers les femmes en France (Enveff, cf. encadré) est la première enquête statistique réalisée en France sur ce thème. Afin de cerner le phénomène dans ses aspects multiformes, elle prend en compte l’ensemble des violences envers les femmes d’âge adulte, quel qu’en soit l’auteur. Les femmes ont été interrogées au sujet des violences verbales, psychologiques, physiques ou sexuelles subies au cours des douze derniers mois dans l’espace public, au travail, au sein du couple ou dans les relations avec la famille et les proches. La violence n’était jamais nommée mais repérée à travers des actes, faits, gestes, paroles.

Les agressions physiques et sexuelles peuvent être considérées dès leur première occurrence comme une atteinte à l’intégrité de la personne. Pour d’autres agressions, comme les insultes, le dénigrement, le mépris, les actions de contrôle et les autres pressions psychologiques, c’est la répétition de faits apparemment anodins quand ils sont pris isolément qui finit par engendrer une situation d’emprise sur la personne. C’est pourquoi il faut recourir à des indicateurs combinant le nombre, la nature des faits cités et leur fréquence pour obtenir une mesure graduée des violences. Ainsi, dans la vie de couple ou au travail, le degré maximal de contrainte psychologique, le « harcèlement moral », est constitué d’actes insidieux, de paroles humiliantes, qui sont répétés.

 

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