Chantal Cases

La directrice de l’Ined nous parle des nouvelles orientations stratégiques

© Raphaël Debengy

Économiste et statisticienne, diplômée de l’École nationale de la statistique et de l’administration économique (ENSAE), Chantal Cases est directrice de l’Ined depuis octobre 2009. Ses thèmes de recherche récents portent sur les inégalités de santé et d’accès à l’assurance, les conditions de vie des personnes atteintes de pathologies chroniques et les performances des systèmes de santé (entretien réalisé en février 2011).

 

Quelles sont les principales orientations scientifiques pour les 5 années à venir ?

Le cadre de référence des recherches de l’INED repose sur une approche intégrée des parcours de vie et de leur contexte. Celle-ci engage l’analyse de données individuelles, le plus souvent longitudinales, mises en perspective avec des éléments de contexte social ou économique. Les analyses comparatives internationales, l’analyse des politiques publiques et de leurs conséquences, de même que l’analyse des inégalités sociales, de genre et de générations, y joueront un rôle central. Il faut notamment encore mieux articuler recherche fondamentale en sciences de la population et expertise dans des domaines, comme celui du vieillissement, où la demande sociale est forte. Nos orientations de recherche s’articuleront autour de trois approches transversales (genre, démographie économique, histoire longue) et trois axes spécifiques (fécondité, famille et logement ; mortalité, santé et vieillissement ; migrations, discrimination, identités), sur un champ géographique large. Nous allons en effet renforcer les recherches sur les pays du Sud et développer celles sur les DOM.Pour cela, il faut consolider les enquêtes de recherche dont la production est une mission spécifique de l’INED : les grandes collectes longitudinales en population, comme la cohorte d’enfants ELFE qui sera lancée en mars prochain ; les enquêtes sur les dynamiques familiales comme l’enquête « générations et genres » développées en partenariat avec 17 pays ; les observatoires de population en Afrique ; mais aussi de grandes opérations transversales comme l’enquête famille et logements, associée au recensement et conduite avec l’INSEE. L’INED a une grande tradition d’innovation en la matière : nous contribuerons ainsi à une mutualisation de supports d’enquêtes en population à travers le « panel smartphone » inclus dans l’équipement d’excellence DIME-SHS piloté par Sciences Po. Et, bien sûr, nous poursuivrons notre construction d’enquêtes originales sur des sujets ou populations sensibles, par exemple en exploitant des données collectées auprès d’un échantillon de médecins sur les fins de vie ou en concevant un projet de recherche renouvelé sur les violences de genre.

Quels sont les défis à relever ?

En externe, il nous faut poursuivre notre insertion dans le nouveau paysage de la recherche, et en particulier continuer de développer nos partenariats universitaires, en France comme à l’étranger ; renforcer notre contribution à la formation par la recherche, en accueillant davantage de doctorants ; mobiliser d’autres partenariats financiers, peut-être à travers le mécénat.
En interne, il nous faut poursuivre le soutien à la communication et à la publication dans les revues de haut niveau, notamment sur le plan international, mais aussi rénover et développer la communication externe auprès des acteurs institutionnels, de la presse, et toujours du grand public. Pour soutenir le développement de projets de recherche encore plus partenariaux dans les collaborations et le financement, l’administration de la recherche, soumise à de fortes tensions, se doit d’être encore mieux organisée : modernisation des systèmes d’information, suivi des projets...

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