Seydou Moussa Traore

nous parle du partenariat entre l’Ined et l’INSTAT

Ined-Colette Confortès

Seydou Moussa Traore, ingénieur statisticien démographe, est directeur de l’Institut national de la statistique du Mali (INSTAT) (entretien réalisé en mars 2013).

Quelles sont les relations entre l’Ined et l’INSTAT ?

L’Ined entretient de longue date des relations privilégiées avec l’INSTAT dans le cadre du projet Slam-Suivi longitudinal au Mali, un projet engagé depuis 25 ans par l’Ined (sous la responsabilité de V. Hertrich), pour analyser les changements démographiques et les dynamiques familiales en milieu rural sahélien. Confirmant et renforçant ce partenariat, un accord-cadre a été signé en 2012 avec l’objectif de promouvoir les collaborations autour de trois types d’activités : recherche, formation et valorisation scientifique.

Quel est l’axe d’activité privilégié en 2013 ?

Le Mali a réalisé son quatrième recensement général de la population et de l’habitat en avril 2009. Son exploitation statistique est déjà bien engagée et nous souhaitons à présent développer la valorisation scientifique de cette base de données, notamment en y associant des collègues de l’Ined. Pour cette année, la priorité est l’élaboration d’atlas régionaux. Quatre cadres statisticiens seront accueillis simultanément à l’Ined, du 18 mars au 18 avril 2013, pour un mois de formation et de traitement des données, encadrés par le service des méthodes statistiques (SMS) et Pôle suds. Les bases de données et les fonds cartographiques seront fournis par l’INSTAT, tandis que le service SMS assurera la formation cartographique et l’appui aux analyses. Ce partenariat permettra de renforcer les capacités de l’INSTAT dans la production et l’analyse de cartes thématiques. Notre programme est de réaliser les neuf atlas régionaux d’ici la fin 2013, les quatre premiers avec l’appui de l’Ined. Ces atlas seront diffusés sur le site web de l’INSTAT et, du fait de leur représentation imagée facile à interpréter, ils seront accessibles à une large gamme d’utilisateurs.
Dans un deuxième temps, à partir de 2014, nous espérons élargir ce projet à la préparation d’un atlas national et au développement de travaux comparatifs entre régions.

Y a-t-il d’autres axes de recherche que vous souhaitez développer avec les démographes francophones ?

Le recensement de 2009 est une opportunité pour construire des activités scientifiques communes autour d’un corpus de données très riches. Les activités collectives de cette année permettront aussi de jeter les bases de collaborations individuelles autour des données censitaires, qu’il s’agisse de questions de recherche (par exemple sur la scolarisation, le recours à l’état civil, les structures familiales...), de développements méthodologiques sur la qualité des données ou les méthodes indirectes, ou encore des défis de l’archivage et de la mise à disposition de nos données. Nous bénéficions ainsi de partenariats avec l’Observatoire démographique et statistique de l’espace francophone (ODSEF, Québec) pour la sauvegarde des questionnaires de nos recensements, avec IPUMS International pour la mise à disposition de micro-données censitaires, et avec l’Institut de recherche pour le développement (IRD), pour la valorisation des données de recensements et d’enquêtes.
La participation à des recherches plus ciblées, sur des terrains particuliers, avec des démarches méthodologiques expérimentales, nous intéresse aussi car elle permet d’alimenter un regard critique et constructif sur nos données et nos protocoles. Le projet Slam-Suivi longitudinal au Mali, en intégrant les données indépendantes des différents recensements et enquêtes, offre des potentialités stimulantes pour mesurer la qualité des déclarations et des estimations, par exemple sur les âges, les questions sur la survie des proches, ou la déclaration des naissances à l’état civil. Résultat concret de ces rapprochements, une communication INSTAT-Ined sera présentée au prochain congrès de l’UIESP.
La présence de notre équipe à Paris sera l’occasion de réunir dans un même atelier plusieurs de nos collègues de France et des pays voisins, et de poursuivre ainsi les rapprochements et les échanges scientifiques. En accueillant une délégation de l’INSTAT, l’Ined joue un rôle significatif dans le cadre d’une dynamique fédératrice qui dépasse le cadre bilatéral INSTAT-Ined.

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