Impact préférentiel d’une maladie de carence: le cas de la pellagre

le Lundi 29 Novembre 2010 à l’Ined, salle Sauvy

Discutant: Eric Brian (EHESS, INED)

Dans de nombreux pays du monde, à différentes époques, la consommation de maïs comme unique denrée alimentaire a mené à la pellagre. Maladie causée par une extrême pauvreté nutritionnelle, l’avitaminose B 3 est une maladie de carence due à la déficience en niacine et en tryptophane. Depuis la fin du XVIIIe siècle, en Italie du Nord et en particulier en Vénétie, la pellagre demeure endémique jusqu’aux années autour de la Première Guerre Mondiale. Le bouleversement causé par le « mal de la misère » n’afflige qu’une seule classe sociale, celle dont l’alimentation est totalement fondée sur la consommation de polenta de maïs : les agriculteurs, notamment les journaliers, catégorie professionnelle particulièrement défavorisée. Fondée sur des sources documentaires d’origines diverses et entreprise dans une perspective pluridisciplinaire, cette analyse a voulu retracer les mécanismes épidémiologiques, sociaux, politiques et démographiques qui ont mené à la diffusion prioritaire de la pellagre parmi les fermières vénètes en âge reproductif. L’observation de l’impact démographique de la maladie sur la population fermière féminine engage l’observation des conséquences sur la natalité et la fécondité des populations vénètes de la fin du XIXe siècle.