L’émergence des femmes au Maghreb. Une révolution inachevée

le Lundi 09 Mai 2011 à l’Ined, salle Sauvy

Discutant : Jean-Yves Moisseron (IRD)

Ce qui attire le plus l’attention dans les études démographiques portant sur la région du Maghreb, c’est naturellement d’abord les changements dans la fécondité et l’évolution de la croissance de la population puis, en second lieu, la nuptialité avec le relèvement considérable de l’âge au mariage des femmes. Le corollaire de ce dernier aspect est le prolongement de la durée du célibat. Notion qui n’a aucun statut légal (aucun texte juridique n’en fait mention) mais qui a acquis une forte et lancinante réalité statistique. Le célibat est d’autant plus occulté que les sociétés maghrébines se sont structurées autour de la cellule familiale pour faire face à la déstructuration du système tribal et clanique engagé par la modernisation coloniale et parachevée par la politique économique des nouveaux États une fois leur indépendance acquise.

Le célibat prolongé, celui des femmes notamment, remet fondamentalement et provisoirement en cause la règle à la base de la constitution de la famille maghrébine que constitue le mariage. Il est d’autant plus déstructurant que nous avons à faire à des sociétés où l’ordre social et religieux entérine l’inégalité entre les sexes et donne à la domination masculine un aspect total et global. Dans ce cas, pourrait-il être l’expression d’un rejet des rapports inégaux entre les sexes par au moins une fraction importante de la gente féminine, en particulier la plus instruite? Sinon, quelle autre explication plausible pourrait être avancée?