Aspirations sociales et politiques des femmes iraniennes dans le contexte de basse fécondité

le Lundi 10 Janvier 2005 à l’INED, Salle Sauvy.

Aspirations sociales et politiques des femmes iraniennes dans le contexte de basse fécondité
Discutante : Maria E. Cosio (CERPOS, Paris X)

En 1966, l'indice synthétique de fécondité était de 7,9 en moyenne par femme en Iran. Il tend ensuite à décliner très lentement jusqu'à la veille de la Révolution de 1979, où il se stabilise à un niveau encore élevé, 6,8 enfants. Après une courte période de stabilité (1979-1985), la fécondité commence à baisser à un rythme effréné passant de 6,4 enfants, en moyenne, par femme, en 1986 à 2,8 en 1996 puis à 2,0 enfants en 2000. Cette baisse de près de 70% en l'espace de 15 ans qui fait de la transition démographique iranienne l'une des plus rapides de l'histoire est un événement majeur dans l'histoire sociale de l'Iran, et hautement significatif dans la mesure où elle s'est réalisée en dépit de l'idéologie des dirigeants, laquelle idéologie s'est traduite par une législation et par des mesures coercitives, notamment envers les femmes.

L'un des principaux facteurs qui expliquent ce recul spectaculaire de la fécondité en Iran est l'accès de plus en plus élargi des femmes à l'école et notamment l'élévation de leur niveau d'instruction scolaire au cours de ces dernières décennies. Ce progrès incontestable des femmes laisse confirmer l'émergence du nouveau contexte propice à intégrer des valeurs sociales moins inégalitaires à leur égard. Si l'on admet que le contrôle de la fécondité provient nécessairement d'une prise de conscience de leur rôle par les femmes, il est évident que dans ce nouveau contexte elles refusent de jouer exclusivement le rôle d'épouse et de mère et entendent d'affirmer leurs aspirations tant dans la sphère privée que dans la sphère publique.

Dans ce travail, en nous appuyant sur les résultats d'une enquête socio-démographique réalisée auprès de 7000 ménages iraniens en 2002, nous traçons tout d'abord ce nouveau contexte pour ensuite présenter les aspirations sociales et politiques des femmes.