« Le genre de l’intégration ». Représentations et traitement des violences de genre dans les politiques et dispositifs d’intégration des migrant(e)s

le Lundi 26 Novembre 2012 à l’Ined, en salle Sauvy, de 14h à 15h

Présenté par Marion Manier (URMIS) - Discutante : Armelle Andro

Si la question des femmes en migration est longtemps demeurée un point aveugle des politiques d’immigration et d’intégration, elle est reconnue, depuis une dizaine d’années, comme une priorité publique. A la faveur des recommandations internationales et européennes, mais aussi à la faveur des débats sur la laïcité, le foulard islamique, les mariages forcés, les mutilations sexuelles ou les violences dans les quartiers dits sensibles, c’est sous la catégorie « femmes de l’immigration » qu’elle est instituée en priorité des politiques d’intégration dans les années 2000, et qu’elle fait depuis l’objet de mesures spécifiques de plus en plus nombreuses dans les dispositifs d’intégration. Portées par des acteurs institutionnels (politiques de la ville, délégués à l’intégration, aux droits des femmes, etc.), des organismes d’intervention sociale et des associations, les actions d’intégration ou d’insertion sociale se caractérisent en effet par la multiplication de mesures spécifiques aux femmes migrantes, et notamment de mesures de prévention des violences faites aux femmes.
C’est dans ce cadre que cette intervention propose d’interroger la manière dont le secteur de l’intégration ou de l’insertion sociale intègre et problématise la question des violences faites aux femmes, et notamment de violences présentées comme spécifiques à la migration, à la culture ou à la tradition d’origine. Il s’agira en particulier de montrer comment l’introduction de la lutte contre les violences au sein des dispositifs d’intégration participe de certaines formes de victimisation des publics ciblés et d’ethnicisation des questions de genre. Après avoir brièvement retracé l’émergence des « femmes de l’immigration » dans les politiques publiques, l’intervention se concentrera sur l’analyse des discours, des actions mises en place, mais aussi des pratiques d’intervenant.e.s et professionnel.le.s de l’intégration ou de l’insertion sociale. Les analyses présentées s’appuient sur une enquête réalisée dans le cadre de ma thèse de doctorat, combinant l’étude d’un corpus de discours et de textes ministériels, et une enquête ethnographique menée au sein du réseau d’action publique locale d’une ville du sud de la France de 2004 à 2010.