Histoire de la formalisation des circulations migratoires : débats internationaux sur la mesure des retours de migrants au début du XXe siècle

le Lundi 12 Mai 2014 à l’Ined, salle Sauvy de 14h à 15h

Intervenant:Caroline Douki (Université Paris 8) Discutant: Cris Beauchemin (Ined)

Comme nombre de termes utilisés pour rendre compte du déplacement des populations migrantes dans l’espace géographique et social, celui de « circulation » ne saurait être pris comme allant de soi, et doit faire l’objet d’un travail d’objectivation critique et historique, au même titre que des notions telles qu’« assimilation », « intégration » ou « diaspora ».
Il s’agira donc, lors de cette séance, de contribuer à une histoire de la formalisation savante des circulations migratoires, en montrant le rôle central qu’a joué, au tournant des XIXe-XXe siècles, la mise en forme de la notion de « retour » pour décrire les pratiques des migrants internationaux. Ce n’est, en effet, que de manière difficile et très graduelle, que le « retour » est alors devenu une catégorie descriptive et statistique bien individualisée, en relation avec des questions cognitives mais aussi techniques, administratives et politiques, âprement débattues dans les réseaux et les forums nationaux ou internationaux de réflexion statistique, économique ou démographique de cette époque. L’un des grands enjeux attachés à la présentation statistique du phénomène des retours résidait déjà dans la possibilité d’utiliser ces chiffres dans le cadre de politiques publiques destinées à encadrer les migrations et à soutenir des objectifs de développement économique : volontés réglementaristes et tentatives de reformulation des paradigmes classiques du libéralisme économique s’entrecroisaient et s’affrontaient dans ces débats. En tout état de cause, en cherchant les moyens de compter et de formaliser les retours de migrants, statisticiens, économistes ou administrateurs de divers pays émigrateurs ou immigrateurs ont alors contribué à penser les migrations non pas seulement comme des flux unidirectionnels, mais comme des circulations continues, qui pouvaient, selon les contextes, se concevoir dans le cadre de rapports internationaux dissymétriques ou dans la réciprocité.