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Perspectives biodémographiques de la longévité humaine

  • Principes de biodémographie avec référence particulière à la longévité humaine. Carey James R., Judge Debra S.
  • Une démographie sans limite ? Caselli Graziella, Vallin Jacques.

Les très grands âges

  • Les centenaires au Danemark hier et aujourd’hui. Jeune Bernard, Skytthe Axel.
  • L’enquête sur la longévité en bonne santé : l’espérance de vie sans incapacité des personnes très âgées en Chine. Zeng Yi, Vaupel James W., Xiao Zhenyu, Zhang Chunyuan, Liu Yuzhi.
  • La survie des centenaires belges (générations 1870-1894). Poulain Michel, Chambre Dany, Foulon Michel.
  • La démographie des centenaires en Angleterre et au Pays de Galles. Thatcher Roger.

Distribution des durées de vie

  • Mode et dispersion de la durée de vie. Kannisto Väinö.
  • Redéfinir les phases de la transition épidé- miologique à travers l’étude de la dispersion des durées de vie : le cas de la France. Robine Jean-Marie.

Facteurs de la longévité

  • Étude biodémographique des déterminants familiaux de la longévité humaine. Gavrilov Leonid A., Gavrilova Natalia S.
  • La transmission héréditaire de la longévité en lignes maternelle et paternelle. Westendorp Rudi G. J., Kirkwood Thomas B. L.

Notes de recherches

  • La longévité est-elle héritée ? Comparaison de l’ascendance de deux doyennes de l’humanité. Desjardins Bertrand.

Vue d’ensemble

  • La longévité vue sous l’angle de la démographie. Vaupel James.
Principes de biodémographie avec référence particulière à la longévité humaine
Carey James R., Judge Debra S.

Le présent article décrit un ensemble de « principes » biodémographiques fondamentaux se rapportant à la sénescence, la mortalité et la longévité, dérivés en majeure partie (mais pas exclusivement) d’études à grande échelle de tables de survie de la mouche méditerranéenne des fruits, d’une base de données récente sur la longévité des vertébrés et de données sur la longévité humaine et la fécondité des femmes franco-canadiennes au XVIIe siècle. La longévité humaine est ensuite replacée dans un contexte biodémographique en se référant à ces « principes » dérivés ainsi qu’aux concepts connexes suivants : (i) la biodémographie comparative (c’est-à-dire les humains en tant que primates) ; (ii) les déterminants immédiats de la longévité ; (iii) le coût de la procréation ; (iv) la mortalité et les phases de croissance humaine ; (v) le groupe familial et la longévité et (vi) le caractère cumulatif de l’allongement de la vie humaine. L’article s’achève par une brève discussion sur la complémentarité entre le domaine émergent de la biodémographie et la démographie traditionnelle.
INED, Population n° 1/2, 2001 - page 9

Une démographie sans limite ?
Caselli Graziella, Vallin Jacques

On sait que l’espérance de vie continuera à augmenter, au cours des prochaines décennies, dans beaucoup de pays. Les Nations unies prévoient qu’elle devrait partout converger vers un plafond de 85 ans. Mais si pour certains auteurs, cette limite de l’espérance de vie à 85 ans est indubitable, pour d’autres elle apparaît doublement pessimiste. D’une part, même en l’absence de tout progrès de la longévité, il reste une marge assez grande entre ce prétendu plafond et les 122 ans de Jeanne Calment. D’autre part, rien ne prouve que la longévité de l’espèce humaine soit une constante intangible. On peut alors tout imaginer. Nous nous sommes modestement contentés de supposer ici une marche vers 150 ans d’espérance de vie. Avec 2,1 enfants par femme, une telle évolution permettrait de doubler l’effectif final de la population mondiale avant sa stabilisation. Mais le prix à payer serait évidemment un vieillissement démographique inouï : il n’y aurait plus que 14 % de jeunes de moins de 20 ans et 27 % d’adultes de 20 à 59 ans alors que 59 % de la population aurait 60 ans ou plus (et même 30 % 100 ans ou plus). Cependant, rien ne prouve que la fécondité soit elle-même destinée à se figer à 2,1 enfants par femme. Si la tendance à l’enfant unique se généralisait, non seulement la population serait vouée à disparaître en quelques siècles, mais entre-temps sa structure par âge vieillirait de manière encore plus spectaculaire : avec 150 ans d’espérance de vie, les moins de 20 ans ne seraient plus dans ce cas que 2 %, les 20-59 ans 7 % et les 60 ans ou plus 91 %. Mieux, 74 % de l’humanité serait centenaire. D’autres hypothèses ont été explorées qui corsent encore un peu les résultats, notamment en termes de rapport de masculinité à la naissance.
INED, Population n° 1/2, 2001 - page 41

Les centenaires au Danemark hier et aujourd’hui
Jeune Bernard, Skytthe Axel

Le registre danois des centenaires, basé sur les registres paroissiaux et les recensements, identifie plus de 5 000 centenaires danois par leur nom, leur date de décès et leur âge rapporté jusqu’au 1er janvier 1999. Leur nombre reste presque constant de 1860 à 1940, n’augmente que lentement jusqu’en 1960, mais croît très rapidement à partir de 1970. Avant 1840, l’âge de très peu de centenaires peut être vérifié, et seulement environ la moitié des présumés centenaires rapportés entre 1840 et 1899 l’étaient vraiment. Par extrapolation rétrospective à partir d’une période où les données sont fiables, on estime que le premier centenaire n’apparaît qu’après 1790. En conclusion, même dans des pays comme le Danemark dont l’enregistrement des naissances et des décès remonte à plus de deux siècles, il est extrêmement difficile de valider la majorité des centenaires déclarés aux XVIIIe et XIXe siècles.
INED, Population n° 1/2, 2001 - page 75

L’enquête sur la longévité en bonne santé : l’espérance de vie sans incapacité des personnes très âgées en Chine
Zeng Yi, Vaupel James W., Xiao Zhenyu , Zhang Chunyuan, Liu Yuzhi

Cet article décrit succinctement le contexte, les objectifs, le plan d’étude et l’évaluation de la qualité des données de l’enquête chinoise de 1998 sur la longévité en bonne santé. Il présente aussi les premiers résultats concernant le thème spécifique de l’espérance de vie sans incapacité comparée à l’espérance de vie avec incapacité. Diverses mesures attestent la qualité généralement bonne des déclarations d’âge et d’autres aspects qualitatifs des données de notre enquête de 1998. Les données relatives aux activités de la vie quotidienne collectées auprès de 2 274 centenaires, 3 035 nonagénaires et 3 496 octogénaires montrent que les personnes vraiment très âgées ont plus de chance de poursuivre les activités de la vie quotidienne jusqu’à leurs derniers jours si elles vivent en milieu rural plutôt qu’en ville. Le pourcentage des hommes âgés qui restent actifs est supérieur à celui des femmes âgées, bien que celles-ci aient une longévité totale supérieure. Nous terminons par quelques explications de ces différences intéressantes selon le sexe et l’habitat rural ou urbain.
INED, Population n° 1/2, 2001 - page 95

La survie des centenaires belges (générations 1870-1894)
Poulain Michel, Chambre Dany, Foulon Michel

Le calcul des quotients de mortalité au-delà de 100 ans est malaisé et débouche bien souvent sur des estimations largement aléatoires. Ceci est dû aussi bien à la moindre fiabilité des données statistiques relatives aux centenaires qu’à la petitesse des effectifs concernés. La base de données sur les centenaires belges que nous utilisons ici tente de pallier ces deux faiblesses en se basant sur plus de 4 000 centenaires appartenant aux générations nées entre 1870 et 1894.
Cette base de données permet de calculer les quotients annuels de mortalité avec suffisamment de précision pour les hommes jusqu’à 104 ans et pour les femmes jusqu’à 106 ans. Pour les hommes, les quotients vont de 42 % à 100 ans à 55 % à 104 ans tandis que pour les femmes, on passe de 35 % à 100 ans à un peu plus de 50 % à 106 ans. Le calcul de l’espérance de vie exprimée en jours permet d’estimer à 722 le nombre moyen de jours encore à vivre à l’âge de 100 ans pour les femmes contre 615 pour les hommes. À 105 ans, ces chiffres sont respectivement de 520 et 430. L’évolution récente démontre que le risque de décéder continue à diminuer avec, par exemple, une espérance de vie à 100 ans de 695 jours pour les femmes des générations 1870-1884 et de 740 jours pour les générations suivantes, nées entre 1885 et 1894. À partir de 105 ans, le risque annuel de décéder semble poursuivre sa croissance, mais compte tenu de l’intervalle de confiance grandissant dû à la diminution des effectifs, il est impossible de tirer une conclusion quant à savoir si ce risque plafonne, voire diminue, à partir d’un certain âge. Seuls les effectifs plus fournis des cohortes des nouveaux centenaires à venir pourront nous permettre d’éclairer à l’aide de données plus fiables cette question.
INED, Population n° 1/2, 2001 - page 117

La démographie des centenaires en Angleterre et au Pays de Galles
Thatcher Roger

L’article étudie les causes de l’actuelle « explosion » du nombre de centenaires à l’aide d’une nouvelle base de données. Il examine ensuite les dernières projections officielles et leurs implications pour les plus grands âges que l’on devrait vraisemblablement atteindre.
INED, Population n° 1/2, 2001 - page 139

Mode et dispersion de la durée de vie
Kannisto Väinö

Le mode est à la fois une mesure naturelle de la longévité et une bonne base pour mesurer sa dispersion. Les données empiriques montrent que lorsque l’on construit le symétrique à gauche de la distribution des décès observée à droite du mode, le résultat approche de près une courbe normale déjà postulée par Lexis. Quand le mode se déplace vers des âges plus élevés, la dispersion au-delà du mode se réduit régulièrement. Les indicateurs donnant l’intervalle d’âge dans lequel survient une proportion donnée de l’ensemble des décès prouvent que la transition d’un haut à un bas niveau de mortalité s’accompagne d’une compression massive qui finit par ralentir.
INED, Population n° 1/2, 2001 - page 159

Redéfinir les phases de la transition épidémiologique à travers l’étude de la dispersion des durées de vie : le cas de la France
Robine Jean-Marie

Il y a très peu de théories sur l’évolution de l’état de santé des populations. Une des plus connues est la théorie de la transition épidémiologique qui a été développée par Omran en 1971 pour décrire les changements dans la structure des causes de décès qui accompagnent la chute des taux de mortalité au cours de la transition démographique. Pour Omran, la phase de transition, l’« âge du recul des pandémies », permet de passer de l’« âge de la peste et des famines » à l’« âge des maladies dégénératives et fabriquées par l’homme ». En 1986, Olshansky et Ault ont proposé d’ajouter une quatrième phase à la transition épidémiologique avec l’’« âge du report des maladies dégénératives ». Toutefois, il n’est pas facile de dater les passages de la deuxième à la troisième phase comme de la troisième à la quatrième. L’étude de l’évolution de la dispersion des durées de vie conduit à discuter de l’existence même des deux dernières phases et permet de dater le passage de la deuxième phase à la suivante. Nous proposons, ainsi, de fondre la troisième phase d’Omran, l’’« âge des maladies dégénératives et fabriquées par l’homme » avec la quatrième phase d’Olshansky et Ault, l’’« âge du report des maladies dégénératives », pour constituer une nouvelle phase, celle de l’’« âge de la conquête de l’étendue de la vie » qui se caractérise par le fait que la chute de la mortalité - qui se poursuit toujours au cours de cette phase - ne s’accompagne plus, ou presque plus, d’une concentration des durées de vie.
INED, Population n° 1/2, 2001 - page 173

Étude biodémographique des déterminants familiaux de la longévité humaine
Gavrilov Leonid A., Gavrilova Natalia S.

À partir de données empruntées aux généalogies de familles aristocratiques d’Europe, cet article explore deux questions : l’âge des parents à la conception de l’enfant affecte-t-il la durée de vie de celui-ci ? Quels sont les mécanismes possibles de transmission de la longévité des parents aux enfants ? La méthode des générations éteintes est appliquée à la durée de vie individuelle (plusieurs milliers de cas) comme variable dépendante dans une analyse statistique multivariée.
Nous constatons que les effets de l’âge des parents sur la longévité de leurs enfants sont fonction du sexe et particulièrement forts dans la combinaison père-fille. Contrairement aux fils, les filles nées de pères plus âgés vivent moins longtemps. Ces résultats s’accordent avec les explications génétiques (origine paternelle des mutations délétères et rôle crucial du chromosome paternel X transmis aux seules filles).
Nous constatons aussi une relation non linéaire (accélérée) inhabituelle entre durées de vie des parents et des enfants d’une même famille, ce qui indique une héritabilité accrue de la durée de vie quand les parents ont vécu longtemps. Ce résultat est conforme à la théorie évolutionniste du vieillissement et, en particulier, à la théorie de l’accumulation des mutations.
Finalement, nous observons un mode paradoxal de transmission héréditaire de la longévité par la lignée paternelle de préférence à la lignée maternelle. Il faudra d’autres études à grande échelle pour valider ce premier constat.
INED, Population n° 1/2, 2001 - page 197

La transmission héréditaire de la longévité en lignes maternelle et paternelle
Westendorp Rudi G. J., Kirkwood Thomas B. L.

Pour étudier les facteurs de la transmission héréditaire de la longévité humaine, nous avons analysé l’association entre les durées de vie des parents et celles de leurs enfants à partir ’un ensemble de données historiques relatives à l’aristocratie britannique. Ces données couvrent une période qui va de 700 à 1875 et portent sur un nombre total de 6 415 hommes et 2 441 femmes ; elles fournissent les dates de naissance et de décès de chaque individu et de ses deux parents. Dans cette population, la transition démographique qui a allongé la durée de la vie a débuté aux alentours de 1700. Entre 700 et 1700, nous avons constaté que la probabilité de vivre longtemps dépend pour les hommes, mais pas pour les femmes, de la longévité de leurs parents, surtout de celle du père. La probabilité d’atteindre un âge avancé pour les hommes, et, dans une moindre mesure, pour les femmes, dépend aussi de la longévité du conjoint, ce qui indique l’influence positive d’un environnement favorable. Entre 1701 et 1875, en contrôlant les conditions environnementales, nous avons observé que la longévité des femmes, et, dans une moindre mesure, celle des hommes, dépendent de celle de leur mère ; la longévité des femmes dépend aussi de celle de leur père. Ces constatations permettent d’avancer des hypothèses quant à la manière dont la longévité se transmet génétiquement.
INED, Population n° 1/2, 2001 - page 223


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