Être propriétaire de son logement en France

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En France, près de six ménages sur dix sont propriétaires de leur logement. L’accession à la propriété a connu un essor important après la Seconde Guerre mondiale avant de stagner à partir du milieu des années 1980. Aujourd’hui, une part croissante de la population rencontre des difficultés pour devenir propriétaire.

En 2014, environ 16,5 millions de ménages sont propriétaires de leur logement en France. Sur les 28,8 millions de résidences principales, 57,6 % appartiennent à ceux qui y habitent.

Une maison… à crédit

Dans sept cas sur dix, quand les ménages achètent leur logement, ils choisissent une maison, neuve ou ancienne.
Certains paient comptant, d’autres héritent, mais la grande majorité (plus de 80 %) doit emprunter sur plusieurs années, d’autant plus quand il s’agit d’un premier achat. Tant que les propriétaires remboursent un crédit immobilier,  ils sont dits « accédants ». Comme la population vieillit, la part des « non accédants » augmente : en 2014, sept propriétaires sur dix ont fini de payer leur logement principal. Ces propriétaires sans charges de remboursement sont désormais plus nombreux que les locataires (40,7% contre 39,3%).

L’essor de la propriété

En 1955, un peu plus d’un tiers des ménages (35 %) étaient propriétaires de leur résidence principale. Sous l’impulsion de l’Etat, leur nombre a augmenté rapidement grâce à la mise en place des prêts aidés à la construction, des prêts HLM-A et à la diffusion du crédit immobilier. La réforme de 1977 a accéléré ce mouvement, en même temps que l’industrialisation de la construction : le prêt pour l’accession à la propriété (PAP) et l’aide personnalisée au logement (APL) permettent aux cadres moyens, aux techniciens, aux ouvriers qualifiés d’accéder massivement à la propriété. 

C’est au début des années 80 que les propriétaires deviennent majoritaires en France : plus d’un ménage sur deux habite un logement qui lui appartient. Mais très vite, le taux de propriétaires stagne à cause du chômage, des politiques de lutte contre l’inflation et de la réduction des aides de l’Etat.

Au début des années 2000, les plus modestes et les personnes qui achètent pour la première fois (primo-accédants) voient leur part diminuer parmi l’ensemble des accédants. Entre 2000 et 2009, la part des ménages propriétaires de leur logement passe de 55,6 % à 57,6 %. La flambée des prix immobiliers dans les grandes agglomérations et la stagnation des salaires contribuent à creuser les inégalités dans l’accès à la propriété.

Tous propriétaires ?

Tout le monde n’accède pas de la même façon à la propriété. Ces disparités, plus ou moins marquées, interrogent l’efficacité des politiques publiques. Les ménages modestes, en particulier, dépendent beaucoup des aides mises en place par l’Etat pour soutenir l’accession à la propriété. Parmi les accédants récents sur la période 2002-2006, très peu (6,3 %) appartiennent au quart des ménages aux revenus les plus faibles (1er quartile de niveau de vie). Ils sont encore moins nombreux qu’à la fin des années 90 (8,7% pour 1997-2001). Les propriétaires modestes sont plus souvent des familles avec enfants, qui achètent surtout dans des petites villes et des communes rurales, beaucoup plus rarement à Paris.

Les ménages les plus jeunes doivent souvent attendre avant d’accéder à la propriété. En 2010, les personnes qui achètent à crédit ont en moyenne 37 ans. La majorité (40 %) sont trentenaires, 26 % ont moins de 30 ans.

Enfin, moins de la moitié des descendants d’immigrés et seulement un tiers des immigrés sont propriétaires. Si ces taux sont en progression, des écarts importants existent entre les immigrés d’autres pays de l’UE et d’Asie du Sud, qui comptent quasiment autant de propriétaires que la population majoritaire (hors immigrés et enfants d’immigrés), et ceux du Maghreb et surtout d’Afrique subsaharienne qui en comptent beaucoup moins.

Contact : Anne Lambert

Mise en ligne : janvier 2015