Just release : Population 2020, 2-3

Press release Published on 30 November 2020

ZOOM SUR

La démographie de l’Afrique subsaharienne au XXIe siècle. Bilan des changements de 2000 à 2020, perspectives et défis d’ici 2050
Dominique Tabutin et Bruno Schoumaker

Consacrée à l’Afrique au Sud du Sahara (47 pays, 1,1 milliard d’habitants en 2020), cette chronique propose une synthèse approfondie des grands changements sociodémographiques et sanitaires survenus dans la région entre 2000 et 2020 et un bilan statistique rassemblant les données récentes les plus fiables sur chaque pays. Y sont examinées les évolutions de la nuptialité et de la famille, de la fécondité et de ses variables intermédiaires, de la mortalité (enfants et adultes), des migrations et de l’urbanisation, des effectifs de population et des structures par âge, et sont enfin considérées les perspectives de population et les défis à relever d’ici 2050 en matière de formation, santé et emploi. Si l’Afrique conservera tout au long du XXIe siècle la croissance démographique la plus élevée et la population la plus jeune du monde, divers changements sont en cours, mais à des rythmes variables selon les régions, les pays, les milieux d’habitat et les groupes sociaux, conduisant à une diversification croissante des régimes démographiques subsahariens et à de fortes inégalités spatiales et sociales. La fécondité vient, dans une majorité de pays, de connaître ses premiers reculs, la pratique contraceptive a augmenté, mais la demande d’enfants demeure élevée. Un peu partout, l’âge à la première union progresse, la polygamie recule, mais les écarts d’âges entre époux et les proportions de mariages d’adolescentes demeurent élevés. En revanche, la région dans son ensemble vient de connaître des reculs remarquables de la mortalité, notamment celle des enfants, et des gains notables d’espérances de vie ; le sida diminue mais est loin d’avoir disparu, la mortalité maternelle reste très élevée, les maladies non transmissibles progressent et conduisent à un double fardeau épidémiologique. L’Afrique s’urbanise mais à des rythmes divers, et plus lentement qu’on ne l’imaginait il y a encore 20 ans ; s’y multiplie aussi le nombre de grandes villes et de mégalopoles. Quant aux migrations internationales, en forte progression depuis 2000, si une grande majorité d’entre elles se déroulent toujours à l’intérieur du continent, on assiste à une diversification des destinations et à un recul des modèles migratoires traditionnels hors du continent. Enfin, selon l’hypothèse moyenne, – la plus raisonnable – des Nations unies, soit un doublement de la population d’ici 2050 et plus qu’un triplement d’ici 2100, l’Afrique subsaharienne est face à des défis considérables en matière d’éducation, de santé, d’emploi, de sécurité et de développement durable. Téléchargez ici l’intégralité de l’article

AUTRES ARTICLES

Mobilité genrée au Sénégal
Isabelle Chort, Philippe De Vreyer, Thomas Zuber

Cet article examine les modèles de migration interne au Sénégal à l’aide de données individuelles provenant d’une étude représentative sur le plan national réalisée en 2006-2007 et 2010-2012. Ces données sont uniques dans la mesure où elles contiennent les coordonnées GPS des personnes enquêtées lors des deux vagues. Il est alors possible de calculer les distances et de cartographier les déplacements individuels en évitant les problèmes posés par l’utilisation des unités administratives pour définir les migrations. Ces résultats mettent en lumière des comportements de mobilité très différents selon le sexe et confirment leur persistance pendant les dernières décennies. Les femmes sont plus susceptibles de migrer que les hommes, mais vers des destinations rurales plutôt qu’urbaines. Bien que l’instruction augmente les probabilités de migration vers les villes, surtout chez les femmes, la mobilité féminine est essentiellement liée au mariage, tandis que les migrations de travail concernent plus souvent les hommes.

Le rôle du capital humain prémigratoire dans l’intégration économique des immigrés en France : Compétences métier vs compétences transversales
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L’objectif de cet article est de différencier le rôle joué par les compétences transversales et les compétences métier accumulées à l’étranger, sur les chances d’accéder à un emploi en France, ainsi que sur l’adéquation de cet emploi et du niveau de salaire avec les compétences prémigratoires. Pour quantifier l’impact de la transférabilité du capital humain, les données de l’enquête Trajectoires et origines (TeO, 2008) sont utilisées. Le capital humain prémigratoire joue un rôle important, aussi bien sur les chances d’accès à un emploi que pour le maintien ou la progression de la position socioprofessionnelle, ainsi que pour la rémunération des immigrés. En utilisant plusieurs indicateurs d’intégration des immigrés, quantitatifs et qualitatifs, on s’aperçoit qu’à l’exception des compétences linguistiques, les autres compétences transversales ne jouent pas le rôle attendu en tant que vecteur d’intégration. À l’inverse, les compétences métier permettent une meilleure intégration économique. Par ailleurs, les effets négatifs d’un faible niveau de transférabilité de certaines compétences métier sur l’intégration économique se maintiennent.

Déchiffrer la grippe russe. Quand une pandémie devient un événement statistique (1889-1893)
Frédéric Vagneron

L’usage des chiffres pour décrire l’ampleur de l’épidémie de grippe constitue une innovation savante à la fin du XIXe siècle en France. L’article décrit le rôle de statisticiens français comme Jacques Bertillon et Victor Turquan dans la mise à jour des chiffres témoignant de la gravité de la grippe de 1889-1890, grâce au calcul de la surmortalité sur la période. Les études statistiques réalisées entre 1890 et 1893 ont non seulement produit un bilan de mortalité inédit pour le pays à l’échelle du siècle, mais ont aussi apporté un argument décisif à l’hypothèse de contagiosité de la maladie. Ces bilans ont confirmé les informations fournies par la nouvelle presse de l’époque, qui avait la première suivi la propagation de la pandémie grâce au réseau de télégraphe. Au niveau politique, les résultats de ces nouveaux savoirs statistiques sur la pandémie ont pourtant été relégués au rôle d’accident de la mortalité nationale, face à la tendance inquiétante de dépopulation nationale à la fin du XIXe siècle. Parce qu’elle saisit la grippe indissociablement de ses complications et de sa létalité, le succès de la mesure des épisodes grippaux par la surmortalité ne s’est pas démenti depuis.

 La démographie historique peut-elle tirer profit des données collaboratives des sites de généalogie ?
Arthur Charpentier, Ewen Gallic

Les sites qui proposent à leurs utilisateurs de reconstituer en ligne leur arbre généalogique fleurissent sur Internet. Cet article analyse le travail de collecte et de saisie effectué par ces utilisateurs et comment il pourrait être utilisé en démographie historique, afin de compléter la connaissance des générations du passé. Pour cela, les résultats obtenus à partir de la base Geneanet sont confrontés à ceux connus de la littérature, et concernent les enregistrements de 2 457 450 individus français ou d’origine française ayant vécu au XIXe siècle. Est ainsi mis en évidence un biais important du rapport de masculinité (sous-représentation des femmes). La fécondité est elle aussi fortement sous-estimée. Quant à la mortalité (par comparaison aux valeurs historiques), ces données sous-estiment la mortalité des hommes jusqu’à 40 ans environ et celle des femmes jusqu’à 25 ans, puis elles la surestiment. Enfin, la richesse des caractéristiques spatiales contenues dans les arbres généalogiques est également exploitée pour produire de nouvelles données sur les migrations internes au XIXe siècle.

Consultez le sommaire et l’ensemble des résumés de ces articles de la revue Population 2020, n° 2-3

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