L’autonomie ou pressions à l’autonomie ? Point de vue des adolescent-e-s/collégien-ne-s au sein de leurs différents contextes de vie

the Monday 28 November 2016 at l'Ined, salle Sauvy, de 11h30 à 12h30

Presented by Virginie Avezou-Boutry (Équipe Éducation Familiale et Interventions Sociales auprès des familles ; discussant : à venir

Recherche en collaboration avec Geneviève Bergonnier-Dupuy (Professeure à l'université Paris Ouest Nanterre la Défense et chercheure au CREF)

Davantage écouté, accueilli, protégé qu'auparavant, l'adolescent-e est aujourd'hui dans le même temps, considéré comme un sujet de droit pouvant participer aux décisions le concernant (Gavarini, 2004 ; Convention internationale des droits de l’enfant, 1989), comme un acteur social à part entière (Sirota, 2005 ; Delalande & Rayou, 2001). Dans notre société de plus en plus compétitive et dans un contexte d'augmentation de la précarisation d'une partie de la population, ils/elles subissent une injonction forte à « être autonome » ; celle-ci pouvant prendre des formes différentes selon les caractéristiques individuelles du jeune et le milieu social de sa famille.

Les travaux sur l’autonomie ainsi que le soutien à l’autonomie par les adultes (enseignants, parents) et par les paires se sont multipliés depuis une dizaine d’année, témoignant du regain d’intérêt pour cette compétence. L’examen de cette littérature internationale révèle des conceptualisations complexes reposant sur différents modèles théoriques (Beyers, Goosens, Vansant & Moors, 2003; Van Petegem, Vansteenkiste & Beyers, 2013). Certains modèles invoquent le processus de séparation-individuation d’autres celui de l'autodétermination. Les premiers sont plutôt utilisés pour envisager l'autonomie dans la famille (Steinberg & Silverberg, 1986) alors que les seconds le sont souvent dans les recherches portant sur l'autonomie scolaire (Gnambs & Hanfstingl, 2014 ; Ryan & Connell, 1989). Parmi ces recherches rares sont celles qui s’appuient sur le point de vue des adolescent-e-s concernant leur autonomie/sation.

Dans le cadre d'un programme de recherche alliant perspectives qualitative et quantitative, nous avons réalisé des entretiens semi-directifs auprès de 29 adolescent-e-s/élèves français de collège (filles et garçons, de la 6ème à la 3ème, de milieux sociaux différents) afin d'explorer les propres catégorie de pensée de l'adolescent-e-collégien-ne sur son autonomie dans sa vie quotidienne. Nous les avons interrogés à propos de leur vie au sein de leurs différents contextes de vie (famille, collège, quartier et transversalement, groupe d'amis/pairs). Nous nous sommes centrés sur ce qu'ils avaient à nous dire à propos de leur autonomie/sation : éléments « objectifs » (pratiques : que fait-il/elle seul, qui décide...), expérience subjective (ce qu'il/elle en pense, ce qu'il/elle ressent, quels sont ses désirs en matière d'autonomie, pressions ressenties...). Concrètement, il s'agissait de leur permettre de s'exprimer le plus largement possible sur le champ qui nous intéresse de façon à avoir accès à leurs propres catégories d'adolescent-e-collégien-ne et être ouverts à leurs façons d'envisager leur monde. Lors de cette communication, nous présenterons les résultats, issus d'une analyse de discours réalisée à partir de ce corpus.

Virginie Avezou-Boutry

Docteur en psychologie, Maître de conférences à l’Université Paris Ouest Nanterre la Défense, Chercheur au Centre de Recherches Education et Formation  (CREF EA 1589)  au sein de l’équipe Éducation Familiale et Interventions Sociales auprès des familles (EFIS)

Mes recherches portent sur l’analyse des processus éducatifs intrafamiliaux en lien avec le développement, l’adaptation psychosociale et scolaire de l’enfant-adolescent-e. Elles s’appuient sur des modèles écologiques du développement humain.

La compréhension de l’éducation familiale est envisagée en terme de représentations et de pratiques éducatives familiales, d’accompagnement familial de la scolarité, au sein de familles « ordinaires » ou en situation de vulnérabilité impliquant la prise en compte des caractéristiques sociales et culturelles de ces familles et de leurs contextes de vie.

L’analyse des processus éducatifs intrafamiliaux est également appréhendée en lien avec le développement et l’adaptation psychosociale et scolaire de l’enfant-adolescent-e au sein de ses différents contextes de vie (famille, école, communauté des pairs).  L’utilisation de mesures objectives du développement, de la réussite scolaire… est complétée par une approche de l’expérience de l’enfant/l’adolescent-e. Son point de vue sur l’éducation dans sa famille, sur sa vie à l’école, dans son quartier est complété par des travaux sur la qualité de sa vie en fonction des différents contextes écologiques (selon l’âge et le sexe).

La compréhension des processus psychologique résultant de la rencontre de groupe relevant de différentes cultures (Sabatier & Boutry, 2006) fait également partie de mes intérêts. Ils y sont envisagés dans la perspective de la psychologie interculturelle (Berry, 1997) enrichi d’une perspective développementale intégrant les processus de dynamique et de transmission familiale (Boutry-Avezou, 2007, Avezou-Boutry & Sabatier, 2013).