Genre et expérience de l’âge après 50 ans

the Monday 11 January 2016 at l’Ined, salle Sauvy, de 11h30 à 12h30

Presented by Michel Bozon, Joëlle Gaymu, Eva Lelièvre (Ined) ; discussant : Vincent Caradec (Lille 3- CeRIES)

Les expériences différenciées de l’âge et du déroulement de la vie qu’ont les femmes et les hommes sont une manifestation de la persistance contemporaine des asymétries sociales entre sexes. Nous proposons une analyse quantitative et qualitative de cette dynamique, en décrivant les événements vécus de 50 à 60 ans par les personnes de l’enquête Biographies et entourage âgées de 50 à 70 ans, combinée au discours d’une dizaine d’enquêtés âgés de 50 à 69 ans recueilli par entretien semi-directif.

Entre 50 et 69 ans les individus sont en situation d’évaluer leur expérience de vie ; c’est, en outre, une période riche en événements, où l’on entre dans la grand-parentalité, où l’on commence à prendre en charge ses parents devenus dépendants, où certains les perdent, où la fin de carrière s’annonce.

Les entretiens font apparaître que la cinquantaine et la ménopause ne sont plus perçues comme des seuils particulièrement notables, et qu’en cela la génération des quinqua-sexagénaires actuels se distingue de celle de leurs parents. D’autres événements font bouger la perception subjective de l’âge, comme les séparations ou les remises en couple, ou l’arrivée des petits-enfants, qui ne comportent pas les mêmes enjeux pour les femmes et les hommes. La période de fin de carrière et le passage à la retraite sont aussi des expériences très genrées en termes de contenu, qui jouent fortement mais différemment sur la perception de l’âge.

Ces expériences personnelles conduisent à mettre en œuvre des stratégies de soi distinctes. La gestion de l’apparence traduit en pratique les tensions qui se portent sur les femmes, tenues de prendre de multiples décisions (se teindre les cheveux ou non, faire évoluer ou non leur style d’habillement, traiter leur peau et leurs rides, faire de l’exercice), alors que ces questions peuvent être largement esquivées par les hommes. Le travail sur soi attendu des femmes à ces âges traduit une évolution dans leurs manières de gérer le regard des autres et dans la perception subjective de leur âge, mais qui n’annule pas l’asymétrie persistante entre sexes.