L’accouchement par césarienne, un risque pour la santé reproductive ? Expériences de trois cohortes de mexicaines

the Monday 09 December 2013 at l'Ined, en salle Sauvy, de 14h à 15h

Présenté par Carole Brugeilles (Université Paris Ouest) - Discutante : Nathalie Bajos (INSERM / INED)

La pratique de la césarienne s'est très nettement développée au cours des dernières décennies. Si 15 % des naissances se font par césarienne à l'échelle mondiale, cette proportion masque toutefois de très fortes variations, renvoyant à des problématiques différentes. Ainsi, la césarienne est rarement pratiquée dans certaines régions notamment en Afrique et en Asie du Sud-Est, ce qui est préjudiciable à la santé maternelle et infantile, alors que dans d'autres comme dans les Amériques, sa fréquence élevée (près d'un tiers des accouchements) suscite nombre de controverses. En effet, ses bénéfices semblent se réduire au-delà de 15 % à 20 % des naissances, limite préconisée par l'Organisation Mondiale de la Santé. Cette communication propose d'interroger, à partir de la situation mexicaine, le recours très fréquent à la césarienne et de montrer l'intérêt pour les démographes de s'intéresser au mode d'accouchement, au-delà de sa prise en considération dans l'étude de la mortalité materno-infantile.
Le Mexique connaît un taux de césarienne particulièrement élevé : 43 % des naissances en 2009. Après avoir décrit l'évolution de la pratique de l'accouchement par césarienne, les articulations entre mode d'accouchement, fécondité et pratique contraceptive seront explorées grâce à une enquête biographique, l'enquête démographique rétrospective mexicaine de 2011 (EDER-2011). Les trajectoires obstétricales, reproductives et contraceptives de trois cohortes de femmes nées en 1951-1953, 1966-1968, et 1978-1980 seront considérées conjointement. Cette analyse permettra d'éclairer à la fois une augmentation de l'accouchement chirurgical préoccupante en termes de santé de la reproduction et l'évolution de la fécondité mexicaine, des pratiques contraceptives en lien avec les normes sociales et médicales, les programmes de planification familiale et la politique démographique néomalthusienne. La communication interrogera ainsi les conséquences d'un tel recours à la chirurgie lors des accouchements sur le respect de l'ensemble des droits reproductifs.