Une baisse inégale du niveau de bien-être des lycéen·ne·s durant le confinement : le rôle clé des relations parents-enfants

the Monday 29 March 2021 at l’Ined en visio-conférence, de 11h30 à 12h30

Présenté par : Kévin Diter (EHESP) et Claude Martin (EHESP) ; Discutante : Ariane Pailhé (Ined)

Résumé

Entre le 15 mars et le 11 mai 2020, un confinement complet a été mis en place en France par le gouvernement dans le but de lutter contre la propagation du coronavirus. Enfants, adolescent·e·s et adultes étaient assigné·e·s à résidence et n’avaient le droit de sortir qu’une heure par jour. Cette communication propose de saisir l’effet (socialement différencié) de cette cohabitation continue et forcée sur le niveau de bien-être de lycéen·ne·s.

À partir d’une enquête exploratoire réalisée auprès d’élèves scolarisés dans un établissement de l’Ouest de la France (n=507), elle met en avant deux principaux résultats. D’une part, elle souligne que le niveau de bien-être des lycéen·ne·s n’est pas seulement lié à leurs conditions d’existence, mais également de coexistence. Les garçons et les filles qui ont le plus mal vécu la crise sanitaire sont celles et ceux qui ont vu les relations avec leurs parents se détériorer pendant la période de confinement en raison d’une trop forte co-présence et/ou d’une absence de lieux ou de moments pour s’isoler. D’autre part, elle révèle que la plus forte baisse du niveau de bien-être ne frappe pas au hasard. Elle concerne surtout celles et ceux qui indiquaient déjà un niveau de bien-être plus faible avant le confinement en raison de difficultés scolaires et de tensions avec leurs parents. En d’autres termes, il semblerait que le confinement ne fasse pas que reproduire les inégalités, il les renforce, et ce dès l’adolescence.

Biographie de Kévin Diter

Kevin Diter est post-doctorant en sociologie au sein du projet PANELS (DEPS-Ministère de la Culture/Ined) et est rattaché à l’UMR 6051 Arènes (Université Rennes 1, EHESP, Sciences Po Rennes). Ses travaux se situent à l’intersection de la sociologie de la socialisation, des sentiments et des enfants et de la famille. Dans le cadre de la Chaire « Enfance, bien-être et parentalité » dirigée par Claude Martin, il s’est intéressé aux inégalités de bien-être durant l’adolescence et aux différents facteurs qui en étaient à l’origine, et notamment les conditions d’existence et de co-existence des garçons et des filles.

Biographie de Claude Martin

Claude Martin est sociologue, directeur de recherche au CNRS (UMR 6051 Arènes). Son domaine principal de recherche concerne les politiques en direction de l’enfance et de la famille, mais aussi les politiques des âges de la vie et des transitions d’âge (jeunesse, vieillesse). Il a codirigé deux numéros thématiques de revue en accès libre, le n°131-132 de la Revue des politiques sociales et familiales consacré au bien-être des enfants, le n°85 de Lien social et Politiques sur « Le déterminisme parental en question. La parentalisation du social ». Il publie en mars Hikikomori : une expérience de confinement (Presses de l’EHESP), avec Natacha Vellut, Maïa Fansten et Cristina Figueiredo et avec sept autres auteurs le Palgrave Handbook of family sociology in Europe.