L’évolution démographique récente de la France.
Naissances, décès, unions et migrations : à chacun sa saison

Communiqué Publié le 24 Avril 2019

Revue Population n° 4, 2018

L’article de conjoncture démographique* publié cette année dans la revue Population analyse en détail les évolutions démographiques de la France au cours des dernières décennies jusqu’à l’année 2017 et propose une analyse approfondie de la saisonnalité des événements démographiques qui ne se répartissent pas uniformément au fil de l’année. Ainsi, les mariages et mises en union libre sont plus souvent observés au printemps et en été, les naissances en été et à l’automne, tout comme les entrées sur le territoire, alors que l’hiver et la fin de l’année marquent une recrudescence d’enregistrements de pacs et des pics de mortalité.

 Des naissances en baisse entre 2015 et 2017
Au premier janvier 2018, la France comptait près de 66,9 millions d’habitants, soit 122 300 personnes de plus que l’année précédente, mais l’accroissement annuel moyen, et tout particulièrement l’accroissement naturel, n’ont jamais été aussi faibles depuis 20 ans, voire 40 ans. L’indice conjoncturel de fécondité poursuit sa baisse, observée notamment chez les femmes les plus jeunes. Le nombre de naissances diminue depuis 3 ans pour atteindre 769 500 en 2017, les données de l’Insee confirment cette tendance pour 2018. La fin de l’hiver et l’arrivée du printemps sont les périodes au cours desquelles le nombre de naissances est le moins élevé (en 2017, minimum de 57 900 naissances en février), tandis qu’entre juillet et octobre les naissances sont plus nombreuses (maximum de 68 500 naissances en juillet).  Le printemps est la période préférée pour un accouchement mais compte tenu du délai moyen de conception, les naissances peuvent survenir en léger décalage par rapport à ce calendrier. En 2017, le nombre journalier de naissances a oscillé entre un peu moins de 1 700 et un peu plus de 2 300. Les naissances sont plus nombreuses en semaine, moins nombreuses les week-ends et jours fériés, sans doute du fait de la programmation des accouchements. On observe également une saisonnalité des IVG (moins nombreuses avril ainsi qu’en juillet et août). Les difficultés d’accès aux services dédiés pendant la période estivale pourraient en être la cause.

La nuptialité continue de diminuer, tant pour les couples hétérosexuels que pour les couples de même sexe
Si le nombre des pacs rattrape progressivement celui des mariages, la saisonnalité des mariages et des pacs diffère : les premiers sont célébrés avant tout entre juin et septembre (au gré du nombre de samedis ces mois-là) alors que les pacs sont de plus en plus concentrés en fin d’année civile.  La mise en couple cohabitant suit une saisonnalité propre : le mois de septembre semble celui « préféré » pour débuter une cohabitation, suivi de janvier et juin.

L’année 2016 met fin à 3 années de diminution du nombre et du risque de divorce, et ce quelle que soit la durée de mariage. Ce risque, toujours maximum 5 ans après le mariage, a augmenté pour toutes les durées de mariage.

 La mortalité recule de nouveau en 2017
En 2017, l’espérance de vie à la naissance a augmenté de 0,1 an pour les hommes et reculé de 0,1 an pour les femmes par rapport à l’année précédente. Entre 2004-2006 et 2014-2016, les progrès ont toutefois concerné tous les âges sauf les plus élevés. Trois groupes d’âges concentrent les progrès les plus importants : autour de 20 ans, 50 ans et 80 ans. Ils ont toutefois été un peu plus marqués pour les hommes que pour les femmes, bien que la surmortalité masculine, notamment chez les jeunes adultes, demeure forte. Tous les grands groupes de causes médicales de décès ont contribué à la progression de la durée de vie, à l’exception notable des troubles mentaux et maladies du système nerveux et, pour les femmes uniquement, des cancers. Cette évolution défavorable de la mortalité féminine par cancer est due à l’augmentation rapide du nombre de décès par cancer du poumon, contrairement à ce qui est observé chez les hommes, et à l’absence de progrès dans la lutte contre le cancer de l’utérus.

La mortalité n’est pas uniforme au cours de l’année. Elle est maximale en hiver, notamment pendant les mois de janvier et février, et minimale en été, particulièrement au mois d’août, à l’exception des années de canicule (2003 en particulier). La saisonnalité des décès augmente avec l’âge : presque négligeable pour les enfants et les jeunes adultes, elle est très marquée à partir de 75 ans. Les personnes âgées sont en effet particulièrement sujettes aux maladies cardiovasculaires et respiratoires qui sévissent de manière davantage en hiver pour des raisons à la fois biologiques (les bactéries sont plus résistantes lorsque les températures sont basses) et comportementales (confinement).

Le nombre de titres de séjour délivrés augmente en 2016 (près de 220 000)
En 2016, le flux d’entrées de ressortissants étrangers en France a représenté plus de 300 000 personnes. Ce flux recouvre deux populations distinctes : ceux soumis à l’obligation de détention d’un titre de séjour et les autres. Les ressortissants étrangers soumis à l’obligation de détention d’un titre de séjour ont représenté 218 354 personnes. Ce flux, qui augmente chaque année depuis 2011, est principalement composé de familles (49 %) et d’étudiants (26 %). La délivrance de premiers titres de séjour d’un an ou plus connaît un pic entre août et octobre. Cette saisonnalité s’explique essentiellement par les étudiants, dont 60 % des entrées ont lieu au cours des mois d’août et de septembre. Le flux de demandeurs d’asile admis au séjour en France augmente continument également depuis 2011 et a atteint 35 262 personnes en 2016. Les ressortissants étrangers non soumis à l’obligation de détention d’un titre de séjour ont représenté 82 732 personnes selon Eurostat. Ce flux est en baisse depuis 2013. La variation saisonnière de ces entrées concerne les personnes venant pour un motif professionnel, les mois de septembre et octobre concentrant à eux seuls 23 % des entrées. En revanche, les motifs familial et humanitaire ne connaissent pas de variation notable au cours de l’année.

 Téléchargez ici l’intégralité de l’article (extrait de la revue Population n° 4, 2018).

 * La revue Population, éditée par l’Ined, publie chaque année un article de conjoncture démographique qui analyse en détail les évolutions démographiques de la France au cours des dernières décennies jusqu’à l’année n-2.  Les données présentées sont donc moins récentes que celles publiées par l’Insee en janvier de l’année n dans le bilan démographique mais ce recul permet d’avoir des données plus détaillées sur la période étudiée et d’éclairer les évolutions observées. Par ailleurs, l’article propose chaque année l’approfondissement d’une thématique.

Auteur-e-s : Didier Breton (Université de Strasbourg-Ined), Magali Barbieri (Ined), Hippolyte d’Albis (École de Paris, CNRS), Magali Mazuy (Ined).