L’Ined crée un site Internet dédié aux données internationales sur la démographie des décès liés à la pandémie COVID-19
https://dc-covid.site.ined.fr

Communiqué Publié le 02 Avril 2020

Depuis le début de la pandémie, de nombreux pays mettent à disposition le décompte journalier des décès par COVID-19. Pour aller plus loin, conformément à ses missions de diffusion de la connaissance en démographie, l’Ined se mobilise pour mettre à disposition en libre accès des données internationales organisées par sexe et par tranche d’âges. Ces données portent aujourd’hui sur l’Allemagne, la France, l’Espagne et l’Italie mais d’autres pays devraient être analysés dans les prochaines semaines. Elles sont centralisées, analysées et proposées sur un site dédié : https://dc-covid.site.ined.fr

Quelles sont les populations les plus vulnérables au COVID-19 ? A quel âge les personnes meurent-elles ? Combien sont-elles ? Où décèdent-elles ? Pour répondre à ces questions, des chercheurs et ingénieurs de l’Ined concentrent leur activité de recherche à la centralisation, l’harmonisation et l’analyse des données sur les décès liés au coronavirus provenant de nombreux pays. L’étude de la mortalité permet de disposer d’un indicateur moins biaisé que l’étude du nombre de cas déclarés en raison des modes de dépistage très variés d’un pays à l’autre. L’observation et la comparaison du nombre de décès liés au COVID-19 révèlent ainsi que l’épidémie suit la même dynamique en Allemagne qu’en France, en Italie et en Espagne.

Grâce à la création d’un site Internet dédié bilingue français et anglais, l’Ined souhaite mettre cet important travail à la disposition de l’ensemble de la communauté scientifique et des citoyens.

Cette base de données permet ainsi de :

Qualifier les sources de données utilisées : le calcul de la mortalité en France se base sur l’ensemble des décès enregistrés par l’état civil. Dans le contexte actuel de pandémie, Santé Publique France a mis en place un système propre de recueil des décès survenant en milieu hospitalier : chaque jour les établissements hospitaliers font remonter les décès dus au COVID-19, par âge et sexe. Cependant, ces décomptes ne représentent qu’une partie de la mortalité liée à la pandémie puisqu’ils ne répertorient pas les décès à domicile et en Ehpad. Des situations similaires sont rencontrées dans d’autres pays. L’interprétation de ces statistiques nécessite donc d’en connaître les limites : des divergences peuvent être observées entre les données provenant de différentes sources, selon que les décès survenus à domicile sont pris en compte ou non et selon le calendrier des mises à jour.

⁃  Surveiller la dynamique des décès enregistrés dans une perspective internationale : le comptage journalier donne la tendance et les possibles points d’infléchissement ou d’accélération de la pandémie. Dans ce cadre, la comparaison à d’autres pays est de première importance car le coronavirus n’a pas touché les pays aux mêmes dates. Il est donc très important d’aligner les courbes sur les dates du jour du premier décès par COVID-19 et de repérer des événements sanitaires-clés associés. Cela permet notamment d’identifier qu’en début de crise, l’épidémie de COVID-19 présente de fortes similitudes d’un pays à l’autre, à savoir une augmentation exponentielle du nombre de cas et de décès selon un même rythme journalier. L’évolution du nombre de décès suit une progression très similaire en Chine, en Italie et en France jusqu’au «  jour 13 ».

⁃  Tenir compte des disparités, notamment par sexe et âge : compte tenu de la vulnérabilité des plus âgés à ce virus, la structure des populations joue un rôle déterminant. Partout, les décès masculins par COVID-19 sont plus nombreux que les décès féminins, mais l’ampleur du désavantage masculin diffère d’un pays à l’autre. Surtout, en Italie comme en France, on observe une bien plus grande concentration des décès chez les personnes âgées d’au moins 70 ans (75 ans en France) par comparaison avec la Chine. Ces premiers résultats devront être vérifiés quand des données plus précises sur la distribution par sexe et groupes d’âge quinquennaux ou décennaux des décès dus au COVID-19 seront disponibles. Pour procéder à des analyses comparatives fiables entre les pays, il faut documenter soigneusement le mode de recueil des données dans chaque pays et les champs couverts (total des décès, décès survenus en milieu hospitalier uniquement).

 

Une base de données pour une meilleure connaissance des épidémies et de leur prévention

La démographie, dont l’analyse des dynamiques de la mortalité est une composante essentielle, dispose des outils nécessaires à une évaluation rigoureuse de la qualité et de la comparabilité de toutes les données disponibles sur les décès liés au COVID-19, préalable indispensable à une analyse précise des tendances et à leur projection. Une note mise à disposition sur le site met en perspective le développement de la pandémie et les différentes mesures mises en œuvre par les politiques publiques des pays étudiés. 

Ce travail s’inscrit pleinement dans les missions de l’Ined définies dans l’article 3 du décret n°86-382 du 12 mars 1986, notamment celles de recueillir, centraliser et valoriser l’ensemble des travaux de recherche démographique, tant français qu’étrangers, et d’informer la communauté scientifique, les pouvoirs publics et le grand public sur les résultats de ses travaux.

 

Pour en savoir plus :

Site dédié : https://dc-covid.site.ined.fr

Lire l’interview des chercheurs France Meslé et Jean-Marie Robine en pièce  jointe.