Pourquoi l’espérance de vie augmente-t-elle
moins vite en France ?

Communiqué Publié le 11 Mars 2019

Population & Sociétés n° 564, mars 2019

Auteur : Gilles Pison

L’espérance de vie ne progresse plus que faiblement en France depuis quelques années. Ce ralentissement est-il conjoncturel ou représente-t-il une nouvelle tendance de fond ? Gilles Pison l’analyse et le resitue parmi les évolutions observées dans les autres pays développés.

Depuis le milieu du XXe siècle, l’espérance de vie à la naissance a progressé de 3 mois par an en moyenne en France, passant de 66,4 ans sexes confondus en 1950 à 82,5 ans en 2018. Les progrès ont cependant ralenti ces dernières années : l’espérance de vie n’a gagné qu’un mois et demi par an en moyenne chez les hommes et un mois par an chez les femmes depuis 2014.

Les épidémies de grippe saisonnière ont été particulièrement meurtrières ces dernières années, mais le ralentissement tient aussi peut-être à une nouvelle tendance de fond. Les cancers sont devenus la première cause de décès. La mortalité qui leur est due diminue plus lentement que celle liée aux maladies cardiovasculaires, très rapide ces dernières décennies, et qui a beaucoup fait progresser l’espérance de vie. Si la mortalité par cancer continue de diminuer chez les hommes, elle a cessé de baisser ces dernières années chez les femmes. L’une des raisons est la montée du tabagisme dans les années 1950 à 1980 dans les générations de femmes ayant 50 ans ou plus aujourd’hui. Elles en subissent les conséquences quelques décennies plus tard sous forme d’augmentation des cancers liés au tabac.

Aux États-Unis les progrès de l’espérance de vie ont non seulement ralenti mais fait place ces dernières années à un recul, à la fois chez les hommes et les femmes. Il est attribué là-aussi à une montée de la mortalité liée au tabac à laquelle s’ajoutent plusieurs problèmes sanitaires comme la fréquence de l’obésité et une épidémie de décès dus à des overdoses d’opioïdes chez les adultes. Les États-Unis ont aussi un système de santé inégalitaire avec un accès aux soins difficile pour les plus pauvres.

Il n’est pas du tout certain que l’Europe, et notamment la France, soient touchées à leurs tours par un recul de l’espérance de vie, car leurs systèmes de protection sociale sont de meilleure qualité et plus égalitaires que celui des États-Unis. Mais pour que l’espérance de vie continue de progresser en France dans les années à venir, la mortalité liée aux cancers doit continuer de diminuer chez les hommes et se remettre à reculer chez les femmes.

 

Date de parution : 13/03/2019

 

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