Relations imposées, relations proposées : la nature particulière de l’entourage des bénéficiaires de centres d’hébergement pour personnes sans domicile

Les centres d’hébergement d’insertion (hébergement de stabilisation, CHRS...) et les logements adaptés (maison relais, hôtel social...) pour personnes sans domicile constituent des lieux de vie particuliers en raison de leur caractère collectif mais surtout de leur vocation sociale. Il s’agit en effet d’une forme d’habitat transitoire entre la rue le logement autonome dans lequel les résidents se voient dispenser un accompagnement par des professionnels du travail social.
Pour les associations gestionnaires de ce type d’établissements, à l’instar de l’Association Emmaüs en région parisienne, faire appel aux bénévoles constitue une façon rompre la situation d’exclusion vécue par les personnes sans domicile. Au-delà des activités qu’ils proposent, la mission qui leur est confiée est de recréer du « lien social » avec les bénéficiaires. L’équipe éducative et les autres résidents forment un entourage imposé par la force des choses et qui ne compense pas la faiblesse des liens familiaux et amicaux dont souffrent certains d’entre eux. Aussi, la constitution de relations sociales avec les bénévoles, représentants ordinaires de la société civile, est envisagée comme un vecteur d’insertion complémentaire à l’accompagnement fourni par les travailleurs sociaux.
Cependant la définition de la juste distance entre bénévoles et bénéficiaires est un enjeu complexe en raison du cadre particulier dans lequel cette relation s’inscrit. Elle résiste à toute formalisation institutionnelle pour se décliner au gré des représentations individuelles des bénévoles eux-mêmes : la qualification de cette relation par ces derniers emprunte des formes variées allant du registre de l’intime (amitié) à celui de l’action sociale (relation d’aide) qui témoignent du caractère nébuleux de cet entourage proposé.