Migration sélective des adultes et inégalités face au décès entre milieux urbains et ruraux au Burkina Faso

le Lundi 02 Octobre 2017 à l’Ined, salle Sauvy, de 11h30 à 12h30

Intervenant : Bruno Lankoande (Université Catholique Louvain-la-Neuve) Discutant : Gilles Pison (Muséum national d’histoire naturelle et Ined)

Bruno Lankoande Yempabou et Ali Sié sont les lauréats 2017 du Prix Jeune auteur·e de la revue Population pour leur article « Migration sélective des adultes et inégalités face au décès entre milieux urbains et ruraux au Burkina Faso » paru en juin 2017.

En prenant l’exemple du Burkina Faso, où les migrations du milieu rural vers le milieu urbain continuent d’alimenter abondamment le processus d’urbanisation, cette recherche teste les effets nets de la migration sur le différentiel de mortalité entre zones urbaines et rurales chez les adultes de 15 à 74 ans. Elle s’appuie sur les informations recueillies dans les observatoires de population situés à la campagne (Nouna) et en ville (Ouagadougou). Les données longitudinales utilisées couvrent une période récente (2009-2013) et sont exploitées avec un modèle semi-paramétrique de Cox. Dans un milieu rural où les conditions sanitaires sont peu favorables, ce sont les individus en bonne santé qui migrent en direction des villes, renforçant ainsi à court terme l’avantage sanitaire urbain. Bien que les migrants rural-urbain soient positivement sélectionnés en termes de santé, ils ont tendance à perdre leur avantage sanitaire au fil du temps avec la vie en milieu urbain. Cette adaptation des migrants après quelques années de résidence en ville constitue probablement un frein à la transition de la mortalité à l’échelle du pays, dans la mesure où ces derniers étaient en meilleure santé dans leur milieu d’origine. Quant aux migrants de retour (rural-urbain-rural), l’absence d’effet de sélection négative au Burkina Faso reflète une fois de plus la diversité des liens entre migration et santé. Au-delà des effets de composition et de contexte, la sélection positive des migrants rural-urbain contribue à exacerber le désavantage sanitaire du milieu rural vis-à-vis du milieu urbain.

Bruno Lankoande

Bruno Yempabou Lankoande est doctorant au centre de recherche en démographie de l’Université Catholique de Louvain (Louvain-la-Neuve, Belgique) depuis Octobre 2014. A partir du cas du Burkina Faso, sa thèse vise tout d’abord à contribuer sur le plan méthodologique à la mesure des inégalités de mortalité adulte entre milieux urbains et ruraux en Afrique subsaharienne. D’autre part, il s’agit de mettre en lumière les mécanismes qui engendrent ces inégalités par le biais d’une analyse des causes de décès, tout en accordant une place capitale aux effets sélectifs de la migration sur la santé. Par ailleurs, Bruno Lankoande est impliqué dans les travaux de recherche sur les inégalités de santé en milieu urbain en Afrique subsaharienne avec l’équipe de recherche de l’Observatoire de Population de Ouagadougou (OPO) de l’Institut Supérieur des Sciences de la Population (ISSP) où il a travaillé en tant qu’assistant de recherche de 2010 à 2014.

Ali Sié

Ali Sié, MD, PhD est un médecin formé en épidémiologie clinique et actuellement chef d’équipe de la « lutte contre la maladie » au Centre de recherche en santé de Nouna (CRSN) au Burkina Faso dont le principal objectif est de produire des évidences pour l’amélioration des programmes et interventions de santé au Burkina Faso et au delà.

Son principal domaine de recherche est l’épidémiologie clinique des maladies infectieuses, la recherche sur les systèmes de santé et récemment il a un intérêt grandissant pour l’environnement et la santé.

Il dirige le système de surveillance démographique et de santé (SSDS) de Nouna mis en place depuis 1992 et qui suit régulièrement environ 106 000 habitants. Ce SSDS est membre du réseau INDEPTH (http://www.indepth-network.org). Alliant compétence scientifique et leadership éclairé, il a participé à de nombreuses études épidémiologiques, des recherches sur les systèmes de santé depuis qu’il a rejoins le CRSN en 2004. Il a contribué à caractériser le CRSN comme plate-forme de recherche clinique appropriée pour les essais de médicaments et de vaccins, ainsi que pour les études épidémiologiques.

Il a également une bonne expérience en consultance, en enseignement et encadrement des étudiants de Master et de Doctorat ainsi que le travail avec des équipes multidisciplinaires et internationales de différents instituts/universités en Afrique, Asie, Europe et Amérique