Socio-démographie de la population Trans en France : enquête sur une population difficile à atteindre

le Lundi 10 Juin 2013 à l’Ined, en salle Sauvy, de 14h à 15h

Présenté par Alain Giami (INSERM) - Discutant : Wilfried Rault (INED)

Séminaire de l’UR14 Inserm-Ined-Paris XI « Santé sexuelle et reproductive »

Réaliser une enquête nationale sur les Trans en France : Retour sur une enquête menée en France, 2010
Alain Giami (Inserm U 1018)

On manque de données fiables sur la population "trans" en France. L’Inserm a réalisé une enquête auprès de personnes trans afin de déterminer leurs caractéristiques socio-démographiques, leurs parcours de soins et leurs situations relatives au VIH.

Un questionnaire a été élaboré et diffusé de juillet à octobre 2010 en collaboration avec des associations identitaires et des professionnels de santé hospitaliers et libéraux. Au total, 381 individus ont répondu au questionnaire auto-administré et l’ont renvoyé de façon anonyme. Le sexe de l’état civil à la naissance et l’identification de genre constituent les principaux indicateurs permettant de dessiner différents profils, parcours de soins et situations par rapport au VIH/sida. Les profils socio-démographiques diffèrent selon le sexe de l’état civil à la naissance. Les parcours de soins varient aussi selon le sexe de l’état civil à la naissance mais surtout selon l’identification de genre exprimée par les individus eux-mêmes. Le statut sérologique (VIH) est fortement déterminé par le sexe de l’état civil à la naissance : seules les male-to-female (MtF) sont touchées par le VIH et a fortiori lorsqu’elles sont d’origine étrangère et ont eu une expérience du travail sexuel.

Cette enquête innove de par son mode de recrutement des individus en partenariat avec leurs principaux réseaux de socialisation et par l’utilisation de catégories d’identification de genre. Nous revenons sur la question de l’établissement du partenariat avec les lieux de socialisation des Trans en France afin de mieux mettre en évidence comment il est nécessaire d’associer une enquête qualitative préalable à la réalisation d’une enquête quantitative et de trianguler les deux approches. Par ailleurs, le questionnaire contenait une seule question ouverte visant à identifier les modes d’identification de genre auto-définis par les personnes. Cette question a recueilli plus de 200 réponses différentes dont le traitement qualitatif a permis d’établir les catégories d’analyse de l’enquête en fonction des modes de désignation des personnes elles-mêmes versus les catégories médicales, psychiatriques et même associatives. On cherchera ainsi à mettre en évidence comment la construction de l’objet de l’enquête et de la méthodologie de la recherche auprès d’une population par rapport à laquelle les chercheurs ne disposent pas de population de référence appropriée constitue une forme de recherche en soi et en complément avec l’enquête socio-démographique.