« L’effet d’une politique publique sur la migration des départements d’outre-mer vers la métropole française »

le Lundi 01 Octobre 2018 à l’Ined, salle Sauvy de 11h30 à 12h30

Présenté par : Marine Haddad (OSC-Sciences Po, CREST-LSQ) ; Discutante : Stéphanie Condon (Ined)

Marine Haddad est la lauréate 2018 du Prix Jeune auteur·e de la revue Population pour son article : "L’effet d’une politique d’État sur les migrations DOM -métropole. Les enseignements des recensements de 1962 à 1999"

Cet article propose de nouvelles perspectives d’analyse de la démographie de quatre départements français d’outre-mer (DOM : Guadeloupe, Guyane, Martinique et Réunion). Quels sont les effets des politiques publiques de population, portées notamment par le Bureau pour la migration des DOM (Bumidom, 1963-1981) et ses successeurs, sur les migrations vers la métropole ? Les recensements de 1968 à 1999 permettent de mesurer l’ampleur et la structure de ces flux migratoires au cours du temps, ainsi que leur poids dans la population des natifs des DOM. S’appuyant sur des régressions en différences de différences, cette analyse permet de mesurer l’effet des politiques menées par le Bumidom. Elle montre que cette structure a favorisé la croissance des migrations, également alimentées par les inégalités socioéconomiques, entre les DOM et la métropole. Alors que l’offre d’enseignement supérieur dans les DOM et la part de bacheliers ne progressent pas au même rythme, les aspirations scolaires peuvent également être motrices des migrations. La comparaison des ultramarins restés dans les DOM avec ceux partis en métropole révèle que, depuis 1968, ces derniers sont caractérisés par un niveau d’études plus élevé.

Marine Haddad

Marine Haddad est doctorante en sociologie à l’Observatoire sociologique du changement (Sciences Po) et au Laboratoire de sociologie quantitative (Crest). Depuis 2015, elle étudie les migrations des départements d’outre-mer (Guadeloupe, Martinique, Guyane, Réunion) vers la France métropolitaine. Sa thèse analyse l’évolution de ces flux, interroge la manière dont l’expérience migratoire façonne le parcours des ultramarins, et révèle les ambivalences de leur statut en France. Le projet croise enquêtes de la statistique publique et entretiens menés auprès de personnes nées dans les DOM, installées en France métropolitaine. Elle met en perspective la structure des flux migratoires avec les parcours professionnels des ultramarins de métropole et leurs positions ressenties. Elle caractérise les mécanismes à l’œuvre derrière la migration des ultramarins, leurs positions socioéconomiques en métropole, ainsi que la production de frontières ethno-raciales façonnées par les perceptions associées à leur parcours, leur citoyenneté et leur couleur de peau.