Trajectoires conjugales des personnes en relation amoureuse stable non cohabitante

le Lundi 07 Décembre 2015 à l’Ined, salle Sauvy, de 11h30 à 12h30

Présenté par Arnaud Régnier-Loilier (Ined) ; Discutant : Jean-Hugues Déchaux (Université Lumière Lyon 2, Centre Max Weber)

Depuis une quarantaine d’années, le couple a connu de nombreuses évolutions en France : la cohabitation hors mariage s’est largement diffusée et le Pacs offre depuis 1999 une nouvelle voie de reconnaissance légale du couple. Dans ce contexte de diversification des formes d’union, être ensemble sans partager le même logement pourrait représenter une autre manière de faire couple. Les médias n’hésitent d’ailleurs pas à parler d’un nouveau mode de conjugalité qui « séduit de plus en plus ». Pour autant, si près d’une personne sur dix entretient une relation amoureuse stable avec quelqu’un qui réside dans un autre logement, de nombreuses études ont mis en évidence la pluralité des situations que recouvre ce que les anglo-saxons désignent par Living Apart Together (LAT).

Afin de participer à la réflexion sur cette catégorie, nous nous intéressons au « devenir » des relations non cohabitantes. Les données longitudinales de l’enquête Étude des relations familiales et intergénérationnelles (Érfi-GGS, Ined-Insee, 2005-2011) offrent pour la première fois la possibilité de suivre sur plusieurs années la trajectoire conjugale des LAT. Après trois ans, seules 22 % sont toujours en relation non cohabitante avec le/la même partenaire, proportion qui tombe à 12 % après six ans. Les autres ont emménagé avec leur partenaire, ou leur relation s’est éteinte. L’enquête permet d’identifier quelles caractéristiques des personnes, de leur parcours conjugal et quelles spécificités de leur relation non cohabitante sont associées à leur destinée conjugale.

La plupart des LAT tels qu’on les repère dans les enquêtes statistiques ne s’apparentent pas à une « nouvelle » forme de couple. À l’exception peut-être des personnes ayant déjà vécu en couple (veuves ou séparées avec des enfants), la situation de non cohabitation correspond le plus souvent à une phase d’expérimentation amoureuse ou à une étape transitoire menant à une forme plus classique de conjugalité (le couple cohabitant).

 

Arnaud Régnier-Loilier

Arnaud Régnier-Loilier est chercheur à l’Ined, et rattaché à l’unité « Fécondité, famille, sexualité ». Ses principaux travaux portent sur les comportements de fécondité, les relations entre enfants et parents après la séparation ou encore les situations conjugales. Responsable de la mise en place de différentes opérations de collecte avec l’Insee (Étude des relations familiales et intergénérationnelles entre 2005 et 2011, Étude des parcours individuels et conjugaux en 2013, avec Wilfried Rault), il s’intéresse également aux questions de méthode et de mesure.