Un modèle gynécologique français ? Entrer, poursuivre, sortir et revenir dans la carrière gynécologique

le Lundi 14 Décembre 2020 à En visioconférence uniquement de 11h30 à 12h30

Présenté par : Aurore Koechlin (Université Paris 1, CETCOPRA) ; Discutante :Juliette Guibert (Clinique de la Baie, Morlaix)

Cette communication s’appuie sur une recherche doctorale en cours qui vise à retracer dans une double perspective historique et ethnographique l’émergence, la production et la négociation d’une « norme gynécologique » enjoignant aux femmes de consulter régulièrement un·e professionnel·le de santé pour le suivi gynécologique, centré sur la contraception et le dépistage. J’aimerais interroger l’existence d’un modèle gynécologique français, articulé au « modèle contraceptif français » dont il est l’un des piliers (Bajos, Bohet,  Le Guen, Moreau, et al., 2012). Comment entre-t-on, poursuit-on et éventuellement sort-on de la carrière gynécologique en tant que patiente ? En suivant chronologiquement les grandes étapes de cette carrière, qui semble se modeler sur l’évolution biologique des corps, je montrerai qu’elle n’en est pas moins le fruit d’un intense travail de la part des professionnel·le·s de santé pour socialiser les patientes à ce modèle et parvenir à maintenir le suivi gynécologique. Une attention particulière sera portée à l’articulation entre le suivi contraceptif et le suivi gynécologique plus global : si la contraception est la voie d’entrée majoritaire dans le suivi gynécologique et permet son maintien, elle peut aussi être facteur de déstabilisation du suivi gynécologique, notamment suite à la crise de la pilule (Bajos, Rouzaud-Cornabas, Panjo, Bohet, Moreau et al., 2014), mais pas uniquement. Enfin, l’existence d’un modèle gynécologique n’empêche pas l’existence de variations, ainsi que des modèles concurrents, qu’il s’agira de prendre au sérieux.

Aurore Koechlin

Aurore Koechlin est doctorante en sociologie sous la direction de Thierry Pillon au laboratoire Cetcopra de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, où elle enseigne également. Elle fait partie du Laboratoire junior Contraception & Genre, qui réunit de jeunes chercheur·se·s issu·e·s de différentes disciplines ayant pour objectif la mise en commun des recherches sur la contraception dans une perspective de genre. Elle termine actuellement une thèse sur les mobilisations professionnelles et politiques liées à la gynécologie médicale en France, dans une double perspective historique et ethnographique.