Nicole Berthoux, graphiste

au service des éditions de l’Ined

© Ined

Quel parcours vous a mené à l’Ined?

J’ai commencé ma carrière à l’Ined au bureau de dessins du service des éditions. Le hasard a voulu que je postule pour un poste totalement différent. Après des études de photogravure et d’imprimerie, j’avais d’abord travaillé comme maquettiste dans une agence de stylisme. A l’été 1986, j’étais à la recherche d’un emploi, quand j’ai appris que l’Ined embauchait pour quelques mois des « codeurs », chargés de saisir des données d’enquêtes. J’ai eu la chance qu’en voyant mon parcours, le responsable du service des enquêtes porte aussitôt mon CV aux éditions, qui avaient besoin de quelqu’un pour réaliser les cartes et les graphiques. A l’époque, les chercheur-e-s traçaient les figures au crayon sur papier millimétré et le bureau de dessin se chargeait de les mettre au propre pour l’impression. C’était un travail d’exécution à l’encre et au tire-ligne, à la trame collée pour les cartes… Je me souviens du premier graphique que j’ai réalisé, qui illustrait la variation des naissances, en fonction de la saison, du mois, de l’heure et même du cycle lunaire... Le chercheur avait d’ailleurs établi que, contrairement aux vieilles idées reçues, la Lune n’a aucune influence sur les naissances !

Quelle est votre fonction actuelle au sein de l’Ined ?

Je travaille toujours aux éditions, mais je ne fais quasiment plus le même métier. D’abord, parce que je suis passée de la table à dessin à la palette graphique. Ensuite, parce que je réalise des ouvrages dans leur intégralité : infographie, mise en page, création de maquette, couverture. Je m’occupe également du suivi de fabrication, mettant à profit mes études d’imprimerie.
Maîtriser toute la chaîne est un avantage qui offre une plus grande marge de manœuvre. Ce travail d’art appliqué, au service de la production scientifique, demande de la rigueur et un échange avec les auteur-e-s, par exemple pour leur proposer des représentations graphiques plus lisibles. Il faut trouver la forme la plus adaptée au fond, même si les travaux démographiques ne sont pas tous simples à illustrer.
Au fil des ans, j’ai pu participer à la modernisation des éditions de l’Ined. Nous nous sommes dirigés vers un vrai travail d’édition. Il a fallu convaincre qu’un ouvrage scientifique, c’est d’abord un livre. Et s’attaquer à des « institutions » : en 1998, j’ai été chargée de retoucher pour la première fois la couverture de Population, la revue emblématique de l’institut, qui n’avait pas changé depuis sa création en 1946. A travers les couvertures et les maquettes, nous avons aussi essayé de donner une identité visuelle forte aux différentes collections de l’Ined, des Cahiers aux Grandes Enquêtes.

Qu’appréciez-vous à l’Ined?

En plus des relations que j’ai pu nouer à l’Ined, j’apprécie la grande variété de mon travail, qui évolue constamment. Aujourd’hui, je me forme à l’édition numérique. Il y a sans cesse de nouveaux projets et beaucoup de liberté et d’autonomie pour les réaliser. Et puis c’est toujours une grande satisfaction d’avoir entre les mains l’ouvrage sur lequel on a travaillé pendant des semaines, encore plus quand, sur un salon, un-e chercheur-e dit avoir envie de publier dans une collection parce qu’elle est belle!