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Aux origines de l’État-providence

Les inspecteurs de l’Assistance publique et l’aide sociale à l’enfance (1820-1930)

Collection : Études et enquêtes historiques

2002, 360 pages

Papier

n° ISBN 978-2-7332-1024-6

22,00 € Acheter

Introduction

Première Partie
De la surveillance à l’administration :
l’évolution des fonctions de l’inspection

Chap. 1. Les premières inspections de 1811 à 1869
Chap. 2. 1869-1914 : l’institutionnalisation de l’Assistance publique
Chap. 3. A partir de 1914 : l’assistance publique n’est plus à l’honneur

Deuxième Partie
Le champ des possibles des carrières administratives

Chap. 4. Un recrutement " qui présente de sérieuses garanties "
Chap. 5. Être inspecteur, entrer dans l’inspection : réalités sociales et professionnelles
Chap. 6. Les logiques de la gestion du personnel de l’inspection
Chap. 7. Le quadrille des inspecteurs

Troisième Partie
La professionnalisation d’un corps de contrôle
au service d’une idée républicaine

Chap. 8. Le professionnel et l’amateur
Chap. 9. La construction d’une expertise
Chap. 10. L’inspection entre réalités administratives et représentations collectives
Chap. 11. Destins singuliers et histoire collective

Conclusion générale - Annexes - Sources et bibliographie

 

A l’avènement de la Troisième République, une profonde restructuration affecte des mesures d’assistance sociale qui, jusqu’alors, demeuraient sous l’obédience du secteur privé. Pour appliquer les mesures prises, la République dispose, dans le secteur de l’enfance assistée, d’un corps de professionnels né au début du xixe siècle et devenu fonctionnaire en 1869 : les inspecteurs des Enfants assistés à la tête des services départementaux du même nom. Initialement, ces hommes étaient chargés de rendre visite aux enfants assistés placés dans des familles d’accueil où ils échappaient à toute surveillance. L’inspection est ainsi née de la nécessité de mettre en place un suivi de ces enfants, dans un contexte où les philanthropes s’intéressent au sort des plus démunis, et donc à ces abandonnés de plus en plus nombreux en ce début du siècle.

En 1874, le vote de la loi Roussel sur la protection des enfants du premier âge marque le début de l’accroissement des attributions de l’inspection des Enfants assistés. Dans certains départements, des inspecteurs sont même chargés de l’assistance aux adultes. En 1904, l’intitulé de la fonction change : l’inspection devient celle de l’Assistance publique.

Cet ouvrage propose une sociographie de ces professionnels. La construction de l’inspection comme corps dans le cadre de la fonction publique est soumise à des contraintes et à des stratégies à la fois administratives et professionnelles. Elles sont ici mises en lumière en confrontant des itinéraires professionnels d’inspecteurs avec les discours produits sur l’action sociale. Les trajectoires individuelles mettent en évidence une pratique de terrain qui s’inscrit en marge, en rupture ou en adéquation avec la définition théorique et idéalisée d’une mission sociale. L’objet de ce travail est de mesurer le lien entre ces deux éléments, dont la force ou la faiblesse permet de comprendre comment un corps de professionnels se structure en conquérant son autonomie, processus qui, à son tour, montre comment évolue un modèle de contrôle social imposé par l’État et relayé par ses fonctionnaires.

L’observation sur une longue période a été privilégiée. Nos données portent sur les premiers services d’inspection et les hommes qui les ont dirigés depuis les années 1820 jusqu’à la décennie 1920 ; il est ainsi possible de cerner l’importance de l’entrée du corps dans la fonction publique républicaine par rapport à l’évolution des pratiques de ses agents et des représentations qu’ils s’en font.

Cette analyse se développe en trois mouvements. Sont étudiées d’abord les conditions institutionnelles dans lesquelles agissent les fonctionnaires et les réponses qu’ils donnent à l’exercice de leur profession. On observe en particulier l’évolution de leurs attributions, qui éclaire les modalités du contrôle social et ses ajustements au terrain. On étudie ensuite les choix de l’administration en matière de gestion du personnel. Le mode de recrutement, les procédures d’avancement, de sanction ou de mutation suggèrent autant de stratégies de l’administration centrale qui doit elle-même composer avec les attentes des fonctionnaires. L’accent est mis sur l’adéquation entre les discours relatifs à la gestion d’un corps fortement impliqué dans le local et la réalité de cette gestion. On analyse enfin les stratégies professionnelles individuelles et collectives qui ont conduit à la professionnalisation du corps. Il s’agit là de décrire et de caractériser le processus par lequel l’inspection, en définissant ses modes d’action, s’est structurée autour d’un langage et de référents communs.

 

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