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Construire le socialisme par les chiffres

Enquêtes et recensements en URSS de 1917 à 1991

Collection : Études et enquêtes historiques

2008, 240 pages

Papier

n° ISBN 978-2-7332-1036-9

25,00 € Acheter
Préface de Theodore M. Porter
Introduction

Chapitre I - La découverte du social (1870-1917)
I. Une professionnalisation des enquêtes sociales
II . Des médecins observateurs sociaux
III . Statistique et réforme sociale en Russie
Chapitre II - Un effort de généralisation statistique (1880-1917)
I. Construire les méthodes et les outils
II . Le statisticien et les paysans
Chapitre III - Compter et classer la population
I. Du recensement européen au recensement soviétique
II . La permanence des formes du recensement soviétique
Chapitre IV - Construire la « réalité socialiste »
I. Occupation et profession en 1920
II . L’introduction des classes en 1926
III . Recenser une société sans classes en 1937
Chapitre V - Du tout à la partie
I. Genèse des enquêtes par sondage en Russie (1880-1916)
II . Un besoin croissant de chiffres après 1917
III . Multiplication des enquêtes par sondage dans les années 1920
IV. Compromis entre le type et l’aléatoire en URSS
Chapitre VI - Les budgets des familles, outil de connaissance
I. Le budget, outil de connaissance
II . L’apport méthodologique de Chtcherbina
III . Enquêtes sur les budgets des familles dans les années 1920
Chapitre VII - Enquêtes sur les budgets et planification
I. Les budgets paysans et le Plan
II . Le tournant des années 1930
III . Mesurer le niveau de vie dans une société socialiste
IV. La société soviétique au miroir des enquêtes budget
Chapitre VIII - Quantifier les usages sociaux du temps
I. Les premières enquêtes de budget-temps
II . Évaluer les usages du temps
III . Mesurer le temps libre en URSS

Conclusion
Références bibliographiques
Fonds d’archives consultés
Repères chronologiques


Comment caractériser les relations entre système de pouvoir et usages de l’outil statistique en URSS ? Existe-t-il une particularité des enquêtes sociales et des recensements de population dans les pays socialistes ? Dès la révolution d’Octobre, l’outil statistique a servi à l’édification du socialisme.

La situation était inédite : nouveau type d’État, nouveau modèle socioéconomique et nouvelle forme de production des données. L’usage des chiffres - comptabilité et statistiques - devint un instrument politique dans la mesure où la légitimité du nouvel État et le bien-fondé de son action politique devaient reposer sur des preuves scientifiques et chiffrées. De ce point de vue, l’usage massif de la quantification comme outil de gouvernement en URSS offre un cas d’analyse particulièrement intéressant.


Si, dans le domaine de la statistique, l’arrivée des bolcheviks au pouvoir a bénéficié de l’héritage de structures créées sous le tsarisme - les bureaux statistiques des zemstva -, dirigées par des statisticiens qui concevaient leur discipline comme une science, le fonctionnement de celles-ci et les travaux effectués furent, dès les années 1920, l’objet de tensions de plus en plus fortes entre dirigeants politiques et statisticiens.

Ces derniers défendaient une conception scientifique de la production des données chiffrées tandis que leurs dirigeants y voyaient un outil au service de l’État et de la planification soviétiques, et de la construction d’une société sans classes. L’histoire de la statistique socialiste repose sur l’effort d’adaptation des statisticiens face à cette nouvelle donne et au puissant cadre de la planification.

La portée du débat et l’évolution qui s’ensuivit jusqu’à la fin de l’ère soviétique conduisent à s’interroger sur le contenu réel de ce qui fut présenté comme un profond changement dans la quantification des activités et des phénomènes économiques et sociaux. L’étude des différends et des controverses renseigne sur la place des professions intellectuelles et scientifiques dans la Russie socialiste et apporte un éclairage important sur la façon dont ses dirigeants se représentèrent la société et la manière de la gouverner.