Population, 2012, n° 1
2012
ARTICLE
Crise sanitaire et tendances de la mortalité par cause en Biélorussie (1965-2008) - Pavel Grigoriev
QUALITÉ DE VIE DES HOMMES ET DES FEMMES APRÈS 60 ANS EN EUROPE
- Vivre seul ou en couple : quelle influence sur la satisfaction de la vie des hommes et des femmes âgés en Europe ? - Joëlle Gaymu, Sabine Springer
- Le recours aux maisons de retraite pour les hommes et femmes âgés en Finlande et en Belgique - Elina K. Einiö, Christine Guilbault, Pekka Martikainen, Michel Poulain
- Les normes des obligations filiales aux Pays-Bas - Pearl A. Dykstra, Tineke Fokkema
- Égalité entre hommes et femmes à la retraite : quels rôles pour les droits familiaux et conjugaux ? - Carole Bonnet, Jean-Michel Hourriez
- La prise en compte du couple par le système de retraite : réversion et partage des droits - Carole Bonnet, Jean-Michel Hourriez
BIBLIOGRAPHIE CRITIQUE
- Nouvelles approches du genre
Crise sanitaire et tendances de la mortalité par cause en Biélorussie (1965-2008)
Pavel Grigoriev
L’évolution de la mortalité biélorusse a fait couler beaucoup moins d’encre que celles d’autres pays de l’ex-URSS. Jusqu’à récemment, l’indisponibilité de données détaillées sur les causes de décès était un obstacle majeur à la recherche sur la mortalité dans ce pays. Cet article vise deux objectifs principaux. Le premier est la reconstruction de séries continues de décès par cause de 1965 à nos jours. Le second est l’analyse des séries ainsi obtenues pour prendre la mesure des principaux changements intervenus durant cette période. L’analyse porte sur les données originales de décès par cause. Le problème de discontinuité des séries annuelles provoquées par les révisions successives de la classification des maladies et causes de décès a été résolu grâce à une méthode de reclassement a posteriori des données anciennes. Cela permet de disposer désormais de séries de décès par cause à définition constante et de les mettre à disposition de la communauté scientifique internationale. Cette étude montre à quel point les tendances de la mortalité biélorusse sont défavorables depuis près d’un demi-siècle, principalement pour les hommes. Les maladies cardiovasculaires et les morts violentes liées à l’abus d’alcool sont les caractéristiques majeures de la dégradation de la santé publique, dont la dynamique à long terme est à la base d’une crise sanitaire chronique.
Vivre seul ou en couple : quelle influence sur la satisfaction de la vie des hommes et des femmes âgés en Europe ?
Joëlle Gaymu, Sabine Springer
Cet article étudie l’influence des conditions de vie sur la satisfaction de la vie des hommes et des femmes de plus de 60 ans dans une dizaine de pays européens à partir des données de l’enquête européenne SHARE 2004 (vague 1). Qu’elles vivent seules ou en couple, les femmes se déclarent un peu moins souvent satisfaites de la vie que les hommes. Des analyses multivariées montrent que, selon la situation résidentielle, les différences ne sont pas de même nature. Toutes choses égales par ailleurs, les femmes en couple continuent à être moins souvent satisfaites de la vie que les hommes, mais les facteurs déterminants de leur bien-être sont proches. En cas d’isolement résidentiel, le constat est inverse : le sexe n’a plus d’incidence sur le degré de satisfaction de la vie mais il influence ses déterminants ; le fait d’être propriétaire et, dans une moindre mesure, le niveau de revenu et la qualité de l’environnement, jouent sur le bien-être subjectif des femmes, l’existence d’un enfant sur celui des hommes. La satisfaction de la vie des femmes âgées est plus fortement modelée par le contexte socioculturel que celle des hommes. Celles qui vivent seules ont des sources de bien-être différentes selon qu’elles habitent au Nord ou au Sud de l’Europe. Les contrastes apparaissent, pour l’essentiel, dans l’articulation entre rôles familiaux et situation économique.
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Le recours aux maisons de retraite pour les hommes et femmes âgés en Finlande et en Belgique
Elina K. Einiö, Christine Guilbault, Pekka Martikainen, Michel Poulain
Le vieillissement de la population rend particulièrement intéressante l’étude des déterminants du recours aux maisons de retraite. Cet article compare les données pendant 4 ans des registres administratifs finlandais (1997-2001) et belges (2001-2005). Dans les deux pays, la probabilité d’y vivre est plus élevée pour les femmes que les hommes, et cet écart est légèrement plus important en Belgique qu’en Finlande. L’écart relatif entre hommes et femmes de la probabilité d’entrée est également plus fort en Belgique (risque relatif : 1,82) qu’en Finlande (1,35). Ces écarts tiennent en grande partie au fait que, dans les deux pays, les femmes sont en moyenne plus âgées, moins souvent mariées, en moins bonne santé et dans une situation socioéconomique moins favorable que les hommes. En Belgique, le risque relatif des femmes reste plus élevé que celui des hommes lorsque le modèle contrôle simultanément les caractéristiques démographiques, socioéconomiques et de santé (risque relatif : 1,12), alors qu’en Finlande la relation s’inverse dans les modèles multivariés (0,91). Selon ces résultats, si les femmes âgées dépendent plus que les hommes des services institutionnels, c’est non seulement parce qu’elles ont une probabilité plus élevée d’être veuves, réduisant ainsi leurs chances de prise en charge par le conjoint, mais aussi parce qu’elles disposent en moyenne de moins de ressources.
Les normes des obligations filiales aux Pays-Bas
Pearl A. Dykstra, Tineke Fokkema
Cet article analyse dans quelle mesure les normes et obligations filiales sont déterminées aux Pays-Bas par le système de valeurs du groupe, la configuration familiale, la capacité à venir en aide aux autres, et les expériences vécues en matière d’entraide. Les données proviennent de la première vague de la Netherlands Kinship Panel Study, contribution néerlandaise au Generations and Gender Programme, et portent sur l’échantillon qui combine population générale et population immigrée. Les Hollandais se montrent réticents à l’idée de dicter aux autres la manière de se comporter envers les parents âgés. Le système de valeurs est le déterminant majeur des normes filiales pour les immigrés, les personnes peu instruites et les croyants. Contrairement à ce que pourrait suggérer la répartition traditionnelle des rôles entre les sexes, l’adhésion aux principes du devoir filial est moins forte pour les femmes que les hommes. Quant aux divorcés et enfants de divorcés, ils ne semblent pas moins attachés que les autres à leurs obligations filiales. Des tendances altruistes se manifestent dans le fait que les normes sont moins rigoureuses parmi les groupes les plus âgés de la population et les personnes sans enfant cohabitant. L’étude met enfin en évidence une forte concordance entre les normes filiales et les comportements réels d’entraide.
Égalité entre hommes et femmes à la retraite : quels rôles pour les droits familiaux et conjugaux ?
Carole Bonnet, Jean-Michel Hourriez
La dissymétrie des rôles masculin et féminin dans le couple conduit à des écarts importants de pension de droit propre entre hommes et femmes, qui vont persister en dépit de la montée de l’activité féminine et de la redistribution opérée par le système de retraite en faveur des femmes. Dans un contexte de mariages stables, un système de retraite pouvait néanmoins assurer aux femmes un niveau de vie égal en moyenne à celui des hommes, grâce à un seul dispositif : la réversion. Ce ne sera plus le cas pour les générations futures à cause de la fragilisation des unions conjugales. De ce fait, il semble toujours justifié d’opérer une redistribution spécifique depuis les hommes vers les femmes dans le cadre du système de retraite. Mais les dispositifs de redistribution se diversifient : la réversion, pour couvrir le risque veuvage ; les droits familiaux, pour compenser l’impact des enfants sur les carrières féminines ; enfin le partage des droits, pour couvrir (au moins partiellement) le risque de divorce. Afin de s’adapter à la fragilisation des unions et au développement de l’activité féminine, il faudrait redéployer une partie des sommes importantes allouées à la réversion en direction des droits familiaux.
La prise en compte du couple par le système de retraite : réversion et partage des droits
Carole Bonnet, Jean-Michel Hourriez
Cette note de recherche examine les propriétés de deux dispositifs de droits conjugaux en matière de retraite : la réversion et le partage des droits. En cas de décès, la réversion assure plus ou moins bien le maintien du niveau de vie du conjoint survivant : dans un système sans condition de ressource, plus la pension propre du survivant est élevée par rapport à celle du défunt, plus le niveau de vie augmente (ou moins il diminue) suite au décès. Les veufs ont ainsi en général des revenus supérieurs aux veuves. Au contraire, un dispositif de partage des droits garantit les mêmes revenus aux veufs et aux veuves. En cas de divorce, le partage des droits offre à chaque ex-conjoint une retraite propre indépendante du parcours ultérieur de chacun, et égalise partiellement les revenus des hommes et des femmes. Mais ce dispositif est désavantageux pour le conjoint ayant les revenus les plus élevés. En cas de décès comme en cas de divorce, le partage simple des droits est moins coûteux que la réversion sans condition de ressources pour le régime de retraite. En contrepartie, il apparaît rarement avantageux pour les assurés, y compris pour les femmes. Un partage des droits à taux majoré, dont le coût global pour le régime serait équivalent à la réversion, constituerait par contre une alternative intéressante à la réversion.
Prix TTC : 20,00 €