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L’évolution démographique récente de la France : situations et comportements des mineurs
Didier Breton, Magali Barbieri, Nicolas Belliot, Hippolyte d’Albis, Magali Mazuy

Quitter l’aide sociale à l’enfance. De l’hébergement institutionnel aux premiers pas sur le marché immobilier
Pascale Dietrich-Ragon

Prise en compte de la durée et de l’intensité du tabagisme dans l’estimation de la mortalité attribuable au tabac : une nouvelle méthode appliquée au cancer du poumon en France
Michel Grignon, Thomas Renaud

Une perspective malthusienne du repeuplement après l’expulsion des Morisques d’Espagne, 1610-1800
Francisco J. Marco-Gracia

L’évolution démographique récente de la France : situations et comportements des mineurs
Didier Breton, Magali Barbieri, Nicolas Belliot,Hippolyte d’Albis, Magali Mazuy

Le 1er janvier 2020, la France comptait un peu plus de 67 millions d’habitants dont 14,4 millions avaient moins de 18 ans. Le nombre de naissances (754 000) continue de baisser et le nombre de décès (612 000) d’augmenter. Le solde naturel demeure le principal moteur de l’accroissement démographique. Le flux d’entrées d’étrangers originaires de pays hors de l’Espace économique européen et de la Suisse s’accroît (+ 4,9 % par rapport à 2017, 249 474 personnes en 2018). Un entrant sur dix est mineur. L’indice conjoncturel de fécondité est quasi stable (1,87 enfant par femme en 2019) et l’âge moyen à la maternité continue d’augmenter. Parmi les naissances, 0,5 % sont issues de mères mineures. Le nombre d’IVG (230 000) et l’indice conjoncturel d’IVG (0,58) sont en légère hausse en 2019. Le nombre d’IVG de femmes mineures poursuit en revanche sa baisse et représente désormais 3,5 % des IVG en 2019. Le nombre de mariages (235 000) et le nombre de pacs (209 000) ont augmenté en 2018, toutefois l’écart entre eux s’est encore amenuisé. Les mariages sont toujours plus tardifs en France (35,4 ans pour les femmes et 37,9 ans pour les hommes). En 2018, 2,6 % des mariages sont célébrés entre personnes de même sexe et 4,1 % des pacs. Les remariages sont de plus en plus rares après un divorce ou un veuvage et, en moyenne, chaque divorce concerne moins d’un enfant mineur (0,91). Enfin, l’espérance de vie progresse encore mais à un rythme ralenti. Elle atteint 79,7 ans pour les hommes et 85,6 ans pour les femmes en 2019. La mortalité avant 15 ans est très faible et ces décès sont concentrés dans la première année de vie. La mortalité infantile ne diminue plus en France depuis près de 10 ans, contrairement à de nombreux autres pays européens.

Quitter l’aide sociale à l’enfance. De l’hébergement institutionnel aux premiers pas sur le marché immobilier
Pascale Dietrich-Ragon

En France, 138 000 enfants ou adolescents sont pris en charge par l’Aide sociale à l’enfance (ASE) au titre de l’enfance en danger, soit 1,6 % des mineurs. Si les jeunes entrent dans le dispositif à des âges très variés, tous doivent en revanche en sortir à 18 ans, âge de fin de la prise en charge légale, ou à 21 ans maximum s’ils obtiennent un contrat jeune majeur. Ils doivent alors subvenir eux-mêmes à leurs besoins et ne peuvent plus
dépendre de l’ASE pour se loger. À partir des données de l’enquête Elap (Étude longitudinale sur l’accès à l’autonomie après le placement) et d’entretiens qualitatifs, cet article explore les modalités et le vécu de la sortie de placement sur le plan résidentiel. Alors que les jeunes ont souffert précocement de la précarité du logement, le départ programmé de l’institution est une nouvelle source d’insécurité résidentielle, qui génère stress et angoisse. Par ailleurs, l’intégration sur le marché immobilier s’effectue de façon inégale. Ceux qui ont accepté de jouer le jeu de l’institution et ne sont pas sortis du circuit institutionnel réussissent à intégrer les meilleurs hébergements, puis un logement autonome. Au contraire, les jeunes qui ne parviennent pas ou ne souhaitent pas se plier aux contraintes institutionnelles sont les plus exposés à la précarité résidentielle à l’issue de leur prise en charge.

Prise en compte de la durée et de l’intensité du tabagisme dans l’estimation de la mortalité attribuable au tabac : une nouvelle méthode appliquée au cancer du poumon en France
Michel Grignon, Thomas Renaud

La méthode canonique d’estimation de la mortalité attribuable au tabac ne prend en compte ni le nombre d’années durant lesquelles l’individu a fumé, ni le temps écoulé depuis l’arrêt le cas échéant. Elle ne permet donc pas de mettre en œuvre des projections incluant des scénarios alternatifs de modification des comportements d’initiation ou d’arrêt du tabagisme. Cet article propose une nouvelle méthode qui combine, d’une
part, les valeurs empiriques provenant de la littérature épidémiologique des effets de la durée (du tabagisme et depuis l’arrêt) sur la mortalité et, d’autre part, les distributions réelles de ces durées dans la population. Cette nouvelle méthode est plus coûteuse en données que la méthode canonique, notamment appliquée dans le cas du cancer du poumon en France en agrégeant des enquêtes transversales répétées (enquêtes « Baromètre Santé » de l’INPES de 1975 à 2010) pour créer des pseudo-cohortes. Selon ce modèle, la mortalité par cancer du poumon augmenterait de 50 % jusqu’en 2035, avant de se stabiliser. Les simulations montrent que diviser par deux le taux d’initiation chez les adolescents sauverait 20500 vies au cours de la période 2010-2060, alors qu’un doublement du taux de cessation chez les adultes sauverait 53 000 vies sur la même période. Ce travail permet de quantifier l’intuition selon laquelle les interventions et politiques visant à augmenter le sevrage sauveraient plus de vies à moyen terme que celles visant à prévenir l’initiation.

Une perspective malthusienne du repeuplement après l’expulsion des Morisques d’Espagne, 1610-1800
Francisco J. Marco-Gracia
L’expulsion des Morisques du Royaume d’Aragon en 1610 a vidé de nombreux villages de leurs habitants, que les autorités se sont rapidement efforcées de repeupler en proposant des parcelles « bon marché ». Néanmoins, les nouveaux habitants étant bien moins nombreux que les Morisques expulsés, l’offre de logements et de terres a excédé la demande. Cet article examine le rôle des freins préventifs malthusiens dans ce contexte de faible pression démographique. À l’aide de la méthode de reconstitution des familles qui permet de relier entre elles les micro-données issues des registres paroissiaux, on compare cinq villages repeuplés et trois villages chrétiens voisins n’ayant pas eu de Morisques expulsés. Comme les villages repeuplés affichent un taux d’accroissement de la population plus rapide que les autres villages, on tente de déterminer l’origine de cette différence. Les résultats confirment qu’un assouplissement des freins préventifs malthusiens s’est produit avec l’abaissement de l’âge au mariage et du taux de célibat, conduisant à une augmentation de la fécondité légitime. Cependant, le pourcentage d’émigrants plus important dans les villages repeuplés que dans les autres a freiné la croissance de la population. La situation économique moins favorable dans les villages repeuplés, vérifiée par les testaments, explique sans doute cette tendance.