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Bonheur public et méthode géométrique

Collection : Études et enquêtes historiques

2002, 184 pages

Papier

n° ISBN 978-2-7332-1025-3

20,00 € Acheter
Avant-propos du traducteur

Préface de l’édition italienne (1982)

Préface de l’édition française (2002)

Chapitre 1.–Le De re numaria de Giovanni Ceva : l'atmosphère et les courants d'idées de l'époque.

Chapitre 2.-L'héritage galiléen : Venise et Naples

Chapitre 3.-Entre induction et déduction : les auteurs lombards de la seconde moitié du siècle et leurs successeurs.

Conclusions

Bibliographie

Index des noms de personnes

Index thématique

Table des matières


Les mathématiques et l’économie ont eu quelques interactions fortes et précoces en Italie au XVIIIe siècle. Pourquoi ? Comment ?

Marco Bianchini, professeur à l’Université de Parme, nous aide à naviguer dans cette histoire subtile où la philosophie, les sciences, la religion, l’économie, les questions morales et politiques, s’interpénètrent souvent d’une manière inattendue.

Florence, Mantoue, Venise, Naples, Milan, Udine, Palerme... L’auteur nous convie à un voyage dans la Péninsule de 1711 à 1803 ; il nous fait côtoyer des personnages aussi célèbres que Galiani ou Beccaria, aussi oubliés que Canciani ou Silio.

Le premier chapitre nous conduit à Mantoue avec le mathématicien Giovanni Ceva et son curieux opuscule en latin « De la monnaie traitée autant que possible selon la méthode mathématique ». Pour en comprendre le sens, il faut se plonger dans les problèmes monétaires de l’Europe sur une longue période, mais aussi réfléchir aux spécificités du duché de Mantoue en ce début du XVIIIe siècle. Et pourquoi a-t-on fait appel à un mathématicien ? Pourquoi celui-ci a-t-il utilisé la méthode axiomatique ? Afin d’élargir la perspective, M. Bianchini nous ramène en Toscane, à Florence, Pise, Livourne, et réexamine l’histoire des courants post-galiléens, les compromis fragiles d’un catholicisme éclairé, dont une figure centrale est le père camaldule Guido Grandi.

Le chapitre II nous transporte d’abord à Venise, où la tentative désespérée d’un « calcul du bonheur » par Ortes doit se réduire à une théorie mathématisante de l’économie faisant appel au principe de moindre action. Ensuite, nous passons à Naples, dans cette ville où « il y a davantage de médecins que de malades, davantage d’avocats que de procès » : ici encore, les problèmes monétaires stimulent la pensée théorique de plusieurs émules d’un autre personnage central, Mgr Celestino Galiani. Le fin et talentueux neveu de ce prélat, Ferdinando, y rédige à vingt ans un livre qui étonne encore, son « Della moneta ». Mais Naples a vu aussi des ouvrages d’ambition encore plus vaste, comme ceux de Filangieri, qui rappellent les grands testaments des Lumières.

Le théâtre principal du chapitre III, c’est le Milan des encyclopédistes du « Caffè », Frisi, Verri, Beccaria, dont les liens avec les Lumières européennes sont connus. L’auteur insiste sur les débats intenses que suscitent les travaux de ces savants, tel celui sur induction et déduction ou celui sur l’utilisation des mathématiques dans la détermination des prix. Le chapitre débouche sur l’apogée de la nouvelle « arithmétique politique » des années 1770 et 1780 : Vasco à Turin, Canciani à Udine, Silio à Palerme s’inscrivent dans ce mouvement que symbolisent dans toute l’Europe Süssmilch, Price et Condorcet.

L’auteur nous suggère alors de comparer les traditions et écoles de pensée européennes au Siècle des Lumières. Alors pourquoi l’Italie ? Une esquisse de réponse est promise à ceux qui liront l’ouvrage.

Fruit d’un long travail, le livre de Marco Bianchini a également l’avantage de se lire de façon agréable.

Vingt ans après, la traduction française, enrichie d’une nouvelle préface de l’auteur, va permettre à un public plus large d’accéder à des éclaircissements historiques dont la portée dépasse de beaucoup les petits États italiens du « Settecento ».