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« Adieu la vie, adieu l’amour » : Analyse des inégalités de temps de survie chez les soldats « Morts pour la France » durant la Grande Guerre
Olivier Guillot et Antoine Parent

Avant-propos de Jean-Marc Rohrbasser

La surmortalité des jeunes adultes en Suisse : quel rôle joue la vulnérabilité socioéconomique ?
Adrien Remund

De qui mesure-t-on l’intégration ? Remigration des immigrés et insertion professionnelle en France
Louise Caron

Le déséquilibre des sexes à la naissance au Vietnam : de la hausse rapide à la stabilisation
Valentine Becquet, Christophe Z. Guilmoto

Les pratiques d’allaitement des immigrées et des natives en France, à partir de la cohorte Elfe
Claire Kersuzan, Christine Tichit, Xavier Thierry

« Adieu la vie, adieu l’amour » : Analyse des inégalités de temps de survie chez les soldats « Morts pour la France » durant la Grande Guerre 
Olivier Guillot et Antoine Parent

Avant-propos de Jean-Marc Rohrbasser

Cette étude s’intéresse aux différences de temps de survie chez les soldats français qui sont décédés durant la Grande Guerre, l’accent étant mis sur l’identification d’effets de contexte liés au lieu de recrutement et au régiment d’affectation. L’analyse est menée à partir d’un échantillon de plus de 17 000 hommes « Morts pour la France » en 1914-1918. Le temps de survie de ces soldats est défini ici comme le nombre de jours qui se sont écoulés entre le 2 août 1914, date de début de la mobilisation générale, et la survenue du décès. On cherche à mettre en évidence à la fois les déterminants de cette durée de survie et les facteurs explicatifs d’une mort précoce, c’est-à-dire se produisant dès l’année 1914. Les résultats montrent que la durée moyenne de survie et le risque de décès en 1914 varient significativement selon le lieu de recrutement et, au moins dans le cas des soldats de l’infanterie, entre les régiments. Ces disparités laissent entrevoir une possible influence des choix stratégiques de l’état-major, et peut-être aussi l’incidence de facteurs de nature plus politique. Les effets estimés sont toutefois de moindre ampleur que ceux associés au grade et au corps.

La surmortalité des jeunes adultes en Suisse : quel rôle joue la vulnérabilité socioéconomique ?
Adrien Remund

Le début de l’âge adulte est souvent caractérisé par une phase de surmortalité. On ignore encore si cette augmentation momentanée du risque de décès est le produit de forces biologiques ou contextuelles, ni si cette menace concerne uniformément tous les individus d’une même cohorte. Grâce à un ensemble de données unique incluant tous les individus vivant en Suisse nés entre 1975 et 1979, des taux différentiels de mortalité par âge de 10 à 34 ans sont calculés. Certains facteurs de risque agissent avec une intensité variable qui suit une évolution similaire à la forme du risque général. Ces résultats suggèrent que les facteurs socioéconomiques de mortalité expliquent au moins en partie la surmortalité des jeunes adultes. La division de la cohorte en plusieurs sous-populations représentant différents niveaux de vulnérabilité montre que si une minorité de jeunes Suisses connaissent cet excès temporaire de mortalité, ce n’est pas le cas pour tous les groupes d’individus. Dans l’ensemble, les résultats indiquent qu’un contexte social favorable compense le stress associé à la transition vers l’âge adulte et permet d’éviter la phase de risque accru de décès durant cette période de la vie.

De qui mesure-t-on l’intégration ? Remigration des immigrés et insertion professionnelle en France
Louise Caron

La plupart des études quantitatives sur l’immigration en France font l’hypothèse implicite que les immigrés s’installent de façon permanente dans le pays de destination. Pourtant, beaucoup d’entre eux repartent, soit pour rentrer dans leur pays d’origine, soit pour se rendre dans un pays tiers. Cet article analyse ces mécanismes de remigration ainsi que leurs conséquences empiriques et méthodologiques pour l’étude du devenir des immigrés en France. Le large panel administratif de l’Échantillon démographique permanent donne l’opportunité d’examiner les sorties du territoire entre 1975 et 1999. Ces analyses montrent que les immigrés qui repartent sont caractérisés par des situations familiales et professionnelles spécifiques, ce qui pourrait affecter la validité des études sur l’intégration. En comparant l’évolution de l’accès à l’emploi des immigrés à partir d’estimations transversales et de panel, on montre néanmoins que les mesures standards de l’insertion professionnelle de ces derniers par rapport aux natifs sont peu biaisées par un phénomène de remigration sélective. Cette démarche méthodologique invite à interroger le postulat classique de la migration permanente quand on analyse quantitativement les processus d’intégration.

Le déséquilibre des sexes à la naissance au Vietnam : de la hausse rapide à la stabilisation
Valentine Becquet, Christophe Z. Guilmoto

Le Vietnam est l’un des pays où la proportion de naissances masculines a récemment augmenté en raison des avortements sélectifs selon le sexe. Les données d’état civil exhaustives faisant défaut, nous recourrons à deux méthodes indirectes à partir de l’enquête intercensitaire de 2014 pour suivre les tendances du rapport de masculinité à la naissance (RMN) et estimer les préférences de sexe en matière de fécondité. Ces méthodes fournissent des résultats similaires qui attestent de la poursuite de la hausse du RMN au Vietnam entamée en 2003. Toutefois, les données annuelles du Bureau national de la statistique montrent que la progression du RMN a atteint un plateau en 2014, situé entre 112 et 113 naissances masculines pour 100 naissances féminines, qui apparaît relativement stable jusqu’aux dernières données provisoires disponibles (2017). Cette analyse met en évidence les disparités du RMN, plus déséquilibré dans les régions du Nord et chez les couples les plus aisés, et la diffusion de la sélection prénatale au sein de ces régions et des différents groupes socioéconomiques sur une période de cinq ans. Les probabilités d’agrandissement permettent également d’examiner les différences de comportements reproductifs en montrant que les couples vietnamiens ont tendance à augmenter leur nombre d’enfants lorsqu’ils n’ont pas eu de fils.

Les pratiques d’allaitement des immigrées et des natives en France, à partir de la cohorte Elfe
Claire Kersuzan, Christine Tichit, Xavier Thierry

À l’instar des pays anglo-saxons, les taux d’allaitement à la naissance en France varient de façon importante entre les mères natives (67 %) et les mères immigrées (88 %). À partir des données de l’Étude longitudinale française depuis l’enfance (Elfe), l’objectif de cet article est de décrire les pratiques d’allaitement (initiation et durée) selon l’origine géographique des parents. Le statut migratoire (migrant / non migrant) a davantage d’effet que l’origine migratoire (native avec ascendance migratoire / native sans ascendance migratoire) sur les différences d’allaitement. Quelle que soit leur région de naissance, les mères immigrées allaitent davantage à la naissance et à 6 mois que les natives. Ce sont les immigrées du Maghreb qui allaitent le plus à la maternité (93 %) et celles nées dans un pays d’Afrique subsaharienne qui allaitent le plus à 6 mois (55 %). Avoir un conjoint immigré favorise l’allaitement chez les natives, qu’elles aient ou non une ascendance migratoire. En revanche, la mixité de l’union modifie peu les pratiques d’allaitement des immigrées. L’association entre l’origine étrangère des mères et l’allaitement s’atténue néanmoins dès la deuxième génération. Les descendantes africaines issues d’une union endogame allaitent un peu plus à la naissance.

Prix TTC : 20,00 €

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