Les sans-domicile en France

CC gelinh

Il est difficile de recenser les personnes sans domicile, d’autant plus si elles sont sans abri et dorment dans la rue. Pour mieux les connaître, l’Insee et l’Ined ont mené plusieurs enquêtes auprès des usagers des services d’hébergement ou de distribution de repas. Elles montrent une forte augmentation du nombre de sans-domicile depuis 2001.

Une personne est considérée comme sans domicile si elle a passé la nuit précédant l’enquête dans un service d’hébergement (centre d’hébergement collectif, chambre d’hôtel ou logement payé par une association…) ou dans un lieu qui n’est pas prévu pour l’habitation.

De plus en plus de personnes sans-domicile

Début 2012, au moins 141 500 personnes étaient sans domicile en France métropolitaine, d’après l’estimation de l’enquête sans-domicile 2012 (Enquête auprès des personnes fréquentant les services d’hébergement ou de distributions de repas) menée par l’Insee et l’Ined. Leur nombre a progressé de près de 50 % par rapport à 2001 (environ 93 000).

Dans les villes d’au moins 20 000 habitants, 81 000 adultes sans domicile, accompagnés de 30 700 enfants, utilisaient les services d’aide, selon l’enquête 2012. 

L’agglomération parisienne abrite à elle seule 44 % des sans-domicile et les conditions d’hébergement y sont plus précaires.

Les femmes représentent 38 % des sans-domicile. La majorité des personnes sans-domicile vivent seuls (62 % sont seuls sans enfants).

Plus de la moitié des sans-domicile sont nés à l’étranger (55 %). Ils sont plus souvent accompagnés d’enfants (23 700 enfants sur les 30 700) que ceux nés en France.

Un sans-domicile sur dix est sans abri

La veille de l’enquête, menée en janvier et février 2012, près de la moitié des 66 300 sans-domicile francophones avaient dormi dans un hébergement collectif. Un tiers avaient passé la nuit dans un logement fourni par une association ou un organisme d’aide et 12 % dans une chambre d’hôtel payée, souvent partagée avec plusieurs membres de la famille. Dans l’ensemble, les femmes bénéficient de conditions d’hébergement plus stables.

Un sans-domicile sur dix était sans-abri, ce qui signifie qu’il avait dormi dans un lieu non prévu pour l’habitation. Presque tous les sans-abris étaient des hommes. La veille de l’enquête, un sur cinq environ avait passé la nuit dehors, les autres avaient trouvé refuge dans des endroits couverts (hall d’immeuble, parking…), des lieux publics (gare, métro…) ou des abris de fortune. Près de la moitié ont déclaré ne pas vouloir aller en centre d’hébergement, invoquant notamment le manque d’hygiène ou l’insécurité. 

Un quart des sans-domicile travaillent

Environ un quart des sans-domicile francophones exercent un emploi régulier ou un petit boulot, mais la grande majorité est au chômage, souvent depuis longtemps, ou inactive (retraité, sans-papiers, demandeur d’asile…). Quand ils ou elles travaillent, les emplois occupés sont le plus souvent des emplois précaires et peu qualifiés.

Des parcours difficiles

Parmi les sans-domicile francophones, deux sur cinq ont dit n’avoir jamais eu de logement personnel. Les autres ont expliqué souvent avoir dû quitter leur logement à cause d’une séparation conjugale ou faute de pouvoir payer le loyer ou les charges.

La majorité ont été marqués par des événements douloureux dans leur enfance : plus de la moitié ont connu le décès, la maladie ou le handicap d’un de leurs parents, un quart ont été victimes de violences ou de mauvais traitements. Un sans-domicile né en France sur quatre a été placé en foyer ou en famille d’accueil. 

Mise en ligne : mars 2015