Les centenaires en France : une prévision difficile

En 2018, la France métropolitaine compte un peu plus de 16 000 centenaires. Passer le cap des cent ans n’est donc plus un phénomène rare, surtout pour les femmes, largement majoritaires à cet âge (près de 5 femmes pour un homme). Avant la seconde guerre mondiale, les centenaires ne se comptaient que par dizaines et c’est tout juste s’il y en avait 200 en 1950. Depuis, leur nombre a explosé : 977 en 1960, 1122 en 1970, 1545 en 1980, 3760 en 1990 (voir tableau sur le nombre de centenaires. Évolution et projection)...

Mais les centenaires restent pour la plupart "jeunes" centenaires : plus de 86% ont moins de 105 ans et 32% n’ont pas encore fêté leur 101e anniversaire.

Faut-il en conclure que la longévité humaine augmente ?

Pas nécessairement. Il se pourrait que la limite maximale de la vie humaine reste en fait inchangée (sans qu’elle soit connue) et que l’augmentation du nombre de centenaires soit simplement la conséquence mécanique de la hausse de l’espérance de vie liée au progrès sanitaire. Plus le nombre de personnes vivant jusqu’à 90 ans est élevé, plus il y a de chances qu’une partie de la population atteigne 100 ans. La montée spectaculaire de l’espérance de vie au XXe siècle reposait avant tout sur la baisse de la mortalité des enfants et des jeunes adultes. Ce n’est que dans la seconde moité du siècle et surtout à partir des années 1970, avec le succès de la lutte contre les maladies cardio-vasculaires, que la mortalité des personnes âgées a commencé à reculer, accélérant le vieillissement de la population et augmentant plus que jamais les chances d’atteindre 100 ans (Vallin et Meslé, 2001). Ainsi, dans l’hypothèse d’une poursuite régulière de la baisse de la mortalité, 11 % des enfants nés en 2000 pourraient devenir centenaires (16 % des filles et 4 % des garçons). Dans ce formidable changement, on le sait, les progrès ont été plus rapides pour les femmes que pour les hommes et cela explique le déséquilibre de population en faveur des premières.