Évolution du taux de recours à l’IVG
Le nombre d’avortements est assez stable, il oscille entre 210 000 et 220 000 par an (en métropole) depuis une quinzaine d’années. Rapporté à l’effectif de la population féminine âgée de 15-49 ans, seulement 1,5 % d’entre elles y ont recours chaque année. Si l’on se place sur l’ensemble de la vie, environ 1 femme sur 2 est concernée. Le risque d’avorter est plus élevé entre 20 et 30 ans qu’ensuite. Les avortements des plus jeunes, avant 20 ans, ont néanmoins beaucoup régressé comme le montre ce graphique.
Évolution du nombre d’IVG pour 1 000 femmes, par groupe d’âges, de 1990 à 2017
Globalement, la courbe du nombre moyen d’IVG suit une tendance similaire à celle de l’indicateur conjoncturel de fécondité, à un niveau quatre fois moindre (Mazuy et al., 2015 ; Vilain, 2018).
La saisonnalité des IVG
La répartition mensuelle des IVG oscille autour d’une moyenne d’environ 8 % (figure). La répartition relative aux IVG pratiquées en établissements hospitaliers est relativement proche de celles réalisées hors établissements hospitaliers*.
Le léger décalage entre les courbes peut s’expliquer par le fait que les IVG hors établissements hospitaliers sont uniquement des IVG médicamenteuses, qui
interviennent donc à une durée moyenne de grossesse plus courte.
Répartition mensuelle des IVG selon le type d’établissement en 2017
Il y a plus d’IVG en début d’année, correspondant à des conceptions de la fin de l’année précédente et au pic de la Saint-Sylvestre (Régnier-Loilier, 2010 ; Régnier-Loilier et Rohrbasser, 2011). Le mois d’avril, qui est par ailleurs une période de vacances, est marqué par un plus faible recours à l’IVG. La forte remontée du mois de juin peut correspondre à une accélération de la prise en charge avant le début de l’été. L’augmentation observée en septembre peut également être interprétée comme une forme de « rattrapage » qui fait suite aux grossesses des mois de juillet-août non prises en charge du fait de la période estivale. La difficulté d’accès aux services d’IVG lors de la période estivale fait partie des points soulevés par la commission nationale dans son rapport sur les données relatives à l’IVG (Commission IVG, 2016). La question de l’accès à l’IVG et de la difficulté à trouver des personnels formés et habilités pour assurer un recours dans de bonnes conditions est une problématique récurrente dans la plupart des pays (Guillaume et Rossier, 2018). Cela a été spécifiquement le cas en France, dans le Sud de la Sarthe en 2018, où un centre hospitalier n’a plus été en mesure de pratiquer des IVG pendant 3 trimestres de l’année. Cette situation a mis en évidence les difficultés inhérentes au manque de personnel et le blocage que peut entraîner, au niveau local, la possibilité de faire valoir la clause de conscience des praticiens.
*On dispose de deux types de données : d’une part celles collectées via le programme de médicalisation des systèmes d’information (PMSI) pour les IVG réalisées en centres hospitaliers ; d’autre part le nombre de remboursements de forfaits (honoraires ou médicaments) pour les IVG médicamenteuses réalisées hors établissement hospitalier, fourni par la Caisse nationale d’assurance maladie des travailleurs salariés (CNAM-TS), à partir des données du régime général depuis 2005, des centres de santé et centres de planification ou d’éducation familiale depuis 2009, par la Mutualité sociale agricole (MSA) et la Sécurité sociale des indépendants depuis 2010 (Vilain, 2018).
Source : Didier Breton, Magali Barbieri, Hippolyte d’Albis, Magali Mazuy, 2019, L’évolution démographique récente de la France. Naissances, décès, unions et migrations : à chacun sa saison, Population 2018-4.
Contacts : Didier Breton, Magali Barbieri, Hippolyte d’Albis, Magali Mazuy
Mise en ligne : juin 2019