Noëline Vivet
Noëline Vivet, doctorante à l’Ined, conduit une thèse sur la promotion de la santé sexuelle et reproductive auprès des jeunes en situation de handicap. Après un premier volet qui consistait en une revue de la littérature sur le sujet, Noëline Vivet travaille à présent sur le terrain.
(Entretien réalisé en avril 2025)
Comment entrez-vous en contact avec les jeunes en situation de handicap ?
Je travaille en particulier avec les jeunes autistes ; pour entrer en contact avec ces derniers, je me suis rapprochée de structures de santé mais n’ai pas reçu beaucoup de réponses positive pour participer. Je me suis également adressée à des associations, des groupes d’entraide mutuelle (GEM) et aux centres de ressources autisme (CRA), ainsi qu’à des influenceurs via les réseaux sociaux Instagram et TikTok. L’effet boule de neige a aussi fonctionné pour recueillir plus de témoignages. J’ai pu interroger 25 jeunes autistes sans déficiences intellectuelles âgés de 18 à 24 ans, intégrés dans des environnements sociaux normatifs et ne présentant pas de troubles du langage ou de difficultés visibles.
En quoi consiste la promotion de la santé sexuelle et reproductive ?
L’objectif est de donner aux populations ciblées les moyens de prendre soin d’elles, qu’elles bénéficient de toutes les clés pour agir sur les facteurs contribuant à leur bonne santé. Mes recherches visent à comprendre ce dont les jeunes autistes ont besoin dans leur vie affective et sexuelle pour produire des recommandations. Je souhaite donc les interroger sur leurs besoins en matière de vie affective et sexuelle, les conseils qui pourraient leur être utiles, les expériences qu’ils ont vécues, les préjugés auxquels ils sont confrontés, les informations dont ils disposent, et ainsi pouvoir mettre en place à l’avenir une intervention d’éducation à la sexualité pour répondre aux besoins spécifiques des jeunes autistes
Quelles sont les prochaines étapes de vos recherches ?
Ayant constaté que peu d’études conduites en France portaient sur la manière d’interviewer des jeunes autistes qui rencontrent des difficultés en matière de communication, je me trouve actuellement en Angleterre pour quelques mois pour interroger une quinzaine de chercheurs experts dans le domaine de la recherche sur l’autisme afin d’étudier les méthodes de recherche, leviers, barrières, et limites pour mener des interviews qualitatives avec des jeunes autistes. Je demande à ces chercheurs de témoigner sur leurs expériences, les difficultés qu’ils ont pu rencontrer, les suggestions et préconisations pour mener des recherches qualitatives fiables et adaptées auprès de jeunes autistes.