Autour du livre Capital terre. Une histoire longue du monde d’après, XIIe-XXIe siècle, Payot-Rivages 2021

le Lundi 04 Avril 2022 à l’Ined dans la salle Sauvy de 11h30 à 12h30 en Hybride (présentiel + possibilité de connexion).

Présenté par : Alessandro Stanziani (Directeur d’études EHESS & Directeur de recherche, CNRS) ; Discutant : Loïc Charles (Université Paris 8 et INED)

Résumé

Les discussions autour des tensions entre ressources, environnement et inégalité s’appuient sur des hypothèses temporelles différentes. Si nous regardons le temps biologique, alors l’histoire de l’humanité appartient au Paléolithique (trois millions d’années) et non pas au Néolithique (12000 ans), encore moins aux deux-trois dernières siècles. Cette approche a certes l’avantage de sortir des vingt-trente dernières années.  En même temps, en misant sur un temps si long, on finit par associer agriculture, sédentarisation, humanité et fin de la planète. Tout était écrit depuis le pléistocène (Cent mille ans).

Tout à l’opposé, les présentistes s’attardent sur les nouveautés survenues au cours des dernières décennies. Ils ont le mérite de souligner l’urgence de prendre des mesures radicales. Le cas le plus éclatant est celui de Pablo Servigne et Raphaël Stevens. L’effondrement prochain s’identifie à partir des transformations des toutes dernières décennies et ignore la durée longue des transformations du capitalisme.

Entre les deux, les partisans de l’anthropocène avancent une posture qui se place au croisement de la géologie –et ses ères- et des sciences sociales, l’histoire en particulier. La force de cette démarche consiste à extraire l’analyse environnementale à la fois du présentisme et du déterminisme historique. Le problème est que le plus souvent, l’anthropocène est associé avec la révolution industrielle en reproduisant l’eurocentrisme de cette dernière, avec, toute l’attention prêtée aux inégalités et différences au sein de "l’humanité".

Nous allons discuter de ces périodisations et en proposer une autre distinguant trois périodes : du XIIe à la fin du XIXe; des années 1870 aux années 1970 et enfin des années 1970 à nos jours.

Biographie de Alessandro Stanziani

Alessandro Stanziani est directeur d’études à l’EHESS et directeur de recherches au CNRS. Parmi ses ouvrages: Rules of exchange. French capitalism in comparative perspective, 18th -20th centuries, Cambridge, Cambridge University Press, 2012. Bâtisseurs d’Empires, Russie, Chine, Inde, Paris, Liber, 2012; Bondage, Labor and rights in Eurasia, 17th-20th centuries,New York, Berghahm 2014. After Oriental Despotism. Warfare, Labour and Growth in Eurasia, 17th- 20th centuries (London: Bloomsbury, 2014); Seamen, immigrants and convicts in the Indian Ocean, 18th-early 20th centuries (New York and London, Palgrave Mac Millan, 2014). Labor in the fringes of Empire. Voice, exit and the law (Palgrave: 2018); Eurocentrism and the Politics of Global History (Palgrave 2018). Les entrelacements du monde (CNRS éditions, 2018). Les metamorphoses du travail contraint (Presses de Sciences Po, 2020).