COVID-19 : la France au 8ème rang parmi 21 pays industrialisés en termes de bilan de mortalité

Selon une étude internationale dirigée par l’Imperial College et publiée dans la revue Nature Medicine, la France se classe au 8ème rang parmi 21 pays industrialisés en termes de taux de mortalité toutes causes confondues, y compris de la COVID-19, suite à la première vague de la pandémie, se situant ainsi derrière l’Angleterre, l’Espagne, l’Italie, l’Ecosse, la Belgique, les Pays Bas et la Suède, mais devant le Portugal, la Suisse et l’Autriche.

En analysant les données de décès hebdomadaires, toutes causes confondues, de 21 pays industrialisés de plus de 4 millions d’habitants entre mi-février et fin mai 2020, l’équipe de recherche, à laquelle le chercheur de l’Ined Michel Guillot a été associé, a dressé un tableau exhaustif de l’impact de l’épidémie au sein de chaque nation.

L’impact de la pandémie COVID-19 sur la mortalité ne se limite pas au million de décès confirmés COVID-19 au niveau mondial. Elle a également fait augmenter le nombre des décès par d’autres maladies en raison de son effet sur les systèmes de santé ou en raison de facteurs économiques et sociaux aggravés par la crise.

Afin d’évaluer le nombre total des décès dus à la COVID-19 et à toutes les autres causes de mortalité pendant la première vague de l’épidémie, l’équipe de recherche, composée des chercheurs du MRC Centre for Environment and Health et du Abdul Latif Jameel Institute for Disease and Emergency Analytics de l’Imperial College London, ainsi que de différentes institutions partenaires dont l’Institut national d’études démographiques (Ined), a inclus dans son étude les pays de 4 millions d’habitants et pour lesquels elle disposait des données hebdomadaires de mortalité toutes causes confondues, réparties par groupe d’âge et par sexe, remontant au moins à 2015 et allant jusqu’à la fin-mai 2020.  

Les 21 pays inclus dans l’étude sont l’Angleterre et le Pays de Galles, l’Australie, l’Autriche, la Belgique, la Bulgarie, le Danemark, l’Ecosse, l’Espagne, la Finlande, la France, la Hongrie, l’Italie, la Nouvelle Zélande, la Norvège, les Pays-Bas, la Pologne, le Portugal, la Slovaquie, la Suède, la Suisse et la Tchéquie.

Evaluation de l’augmentation de la mortalité dans les 21 pays au cours de cette période

Entre mi-février et la fin du mois de mai, 206 000 personnes supplémentaires sont décédées de toutes causes confondues dans ces 21 pays par rapport aux niveaux attendus en l’absence de pandémie (106 000 décès d’hommes et 100 000 décès de femmes). Cela représente une augmentation de 18 % sur la période dans l’ensemble de ces pays.

Des impacts variables selon les pays

L’équipe de recherche a utilisé ses résultats pour regrouper les pays étudiés en quatre catégories, selon leur bilan de mortalité pendant la première vague de la pandémie de COVID-19.

L’Angleterre & Pays de Galles et l’Espagne ont connu l’impact le plus important : environ 100 décès pour 100 000 habitants, soit l’équivalent d’une augmentation relative des décès de 37 % en Angleterre & Pays de Galles, et 38 % des décès en Espagne. La France a connu un impact moins fort : environ 35 décès pour 100 000 habitants, soit une augmentation relative des décès de 13 %. C’est moins que l’augmentation relative des décès en Belgique (+ 27 %) mais plus qu’en Suisse (+ 7 %).

Des politiques différentes pour contrer l’épidémie

Deux leçons principales peuvent être tirées de ces résultats.

  1. Contrairement à la Nouvelle Zélande et au Danemark, le Royaume-Uni, l’Espagne, l’Italie et la France ont mis en place un confinement une fois la pandémie déjà bien avancée dans la population.
    L’Angleterre et le Pays de Galles, ainsi que la Suède (le seul pays qui n’a pas mis en place un confinement obligatoire et a seulement utilisé des mesures volontaires de distanciation sociale), ont connu les durées les plus longues d’excès de mortalité.
  2. Les nations avec les décès en excès les plus importants pendant la période de l’étude sont ceux qui ont connu des investissements inférieurs dans leurs systèmes de santé. Par exemple, l’Autriche, qui a déploré très peu de décès toutes causes, possède presque trois fois plus de lits d’hôpital par habitant que le Royaume-Uni.

 

Source : "Magnitude, demographics and dynamics of the effect of the first wave of the COVID-19 pandemic on all-cause mortality in 21 industrialized countries", Nature medicine.

Contact : Michel Guillot (Ined)

Mise en ligne : octobre 2020