Arnaud Bringé et Bénédicte Garnier

Arnaud Bringé et Bénédicte Garnier, ingénieurs au service des méthodes statistiques de l’Ined, ont répondu à nos questions à l’occasion des 10 ans du séminaire de Rencontres de Statistique Appliquée.

(Entretien réalisé en juin 2018)

En quoi consiste ce séminaire lancé en 2008 ?

Nous avons mis en place ce séminaire afin de créer un rendez-vous périodique où des praticiens présentent plusieurs facettes de l’application d’une méthode statistique à partir de cas concrets, illustrant une théorie présentée en introduction de séance.

Ces présentations sont destinées en premier lieu à des chercheurs, ingénieurs ou doctorants de l’Ined et autres analystes du secteur public ou privé, confrontés dans leur activité d’étude ou de recherche à la mise en œuvre de problématiques statistiques.

Le séminaire fait également interagir entre les disciplines, comme la démographie, l’épidémiologie, la sociologie ou l’économie. Ainsi, au cours d’une même séance, les regards croisés de praticiens permettent de confronter non seulement les outils utilisés mais aussi les hypothèses d’application d’une méthodologie et les types de résultats publiés.

Quelles évolutions sur les méthodes notez-vous, en dix ans ?

Ces dernières années ont été marquées par l’abondance des données mises à la disposition du statisticien, et, notamment en sciences sociales. Dans ce contexte général d’ouverture et d’élargissement, l’accès aux données administratives et de santé représente par exemple une évolution majeure que nous devons prendre en compte et qui n’est pas sans soulever différentes interrogations : comment intégrer ces données complexes, à côté de données d’enquêtes traditionnellement analysées en sciences sociales depuis de nombreuses années ?

Aujourd’hui, les données sont de plus en plus hétérogènes de par leur nature, et à côté de méthodes quantitatives classiques, nous devons par exemple intégrer des outils et méthodes spécifiques pour ces nouvelles données issues du Web, corpus textuels, ou données géolocalisées. 

La prise en compte de ces types de données, et particulièrement des données massives, nous amène à nous interroger sur les évolutions de nos pratiques afin de les intégrer dans l’ensemble de nos problématiques.

Tous ces points ont fait l’objet de notre séance anniversaire de la fin du mois de mai, dans le but de dresser à la fois un panorama des données potentiellement accessibles, et aussi de quelques avancées méthodologiques observées durant la décennie. On peut par exemple citer les techniques de micro-simulation, d’analyse de séquences, ou d’analyse multiniveau qui permet de prendre en compte l’environnement d’un individu pour expliquer son comportement.

Quel bilan tirez-vous de ce séminaire depuis sa création ?

À raison d’environ trois séances par an d’une demi-journée ou d’une journée consacrée chacune à une méthode, le séminaire rassemble, depuis 10 ans, une cinquantaine de participants en moyenne. Certaines séances ont été conçues en partenariat avec des unités de recherches ou pôles méthodologiques de l’Ined.

Depuis 2016, un site dédié au séminaire permet de valoriser l’historique des séances où l’on peut retrouver des présentations récentes, des bibliographies, ainsi que les annonces et résumés de l’ensemble des 30 séances passées.

Les séances peuvent être suivies de l’extérieur en visio-conférences depuis 2014, ce qui correspond à une demande de laboratoires universitaires partenaires.

Au-delà d’un public fidélisé par un canal d’information via une liste de diffusion dédiée, nul doute que l’installation future de l’Ined sur le site du Campus Condorcet donnera au séminaire la possibilité d’étendre encore son audience.