L’évolution démographique récente de la France :
situations et comportements des mineurs

Communiqué Publié le 16 Décembre 2020

Chaque année, conformément à sa mission d’information du public sur les questions démographiques, l’Ined publie un article de conjoncture qui revient de manière détaillée sur les grands chiffres et tendances de la population de la France. La Conjoncture démographique fête ses 50 ans cette année ; elle s’appuie sur les données disponibles les plus récentes et présente les évolutions démographiques en cours jusqu’au 1er janvier 2020, concernant les migrations, la fécondité, la nuptialité et les divorces, ainsi que de la mortalité et les causes de décès. Ces thèmes ont été complétés et enrichis au fil de ses 50 années d’existence pour rendre compte de l’évolution de la société. Ainsi, sont apparues des données sur les interruptions volontaires de grossesse (IVG), le pacte civil de solidarité (pacs), et plus récemment sur les mariages entre personnes de même sexe. En 2020, le thème transversal de la Conjoncture démographique porte sur les situations et comportements démographiques des enfants.

Près d’un habitant sur cinq a moins de 18 ans
Le 1er janvier 2020, la France compte un peu plus 67 millions d’habitants dont 14,4 millions ont moins de 18 ans. L’accroissement annuel de la France a de nouveau diminué en 2019 et reste principalement soutenu par un nombre de naissances supérieur à celui des décès, plutôt que par un excédent migratoire. L’accroissement naturel atteint toutefois un minimum historique depuis 40 ans (+ 141 000).

Parmi les entrées d’étrangers, environ une personne sur dix est mineure
En 2018, le flux d’entrées d’étrangers de pays tiers – ceux dont les ressortissants sont soumis à l’obligation d’obtenir un titre de séjour – a augmenté de 4,9 % par rapport à 2017, avec un total de 249 500 personnes, le plus haut niveau observé depuis 2000. Environ une personne sur dix est mineure. La proportion de mineurs est plus élevée parmi les demandeurs en provenance d’Europe (près d’un quart). La moitié des demandeurs mineurs sont originaires d’Afrique, la région d’origine où les demandes tous âges confondus sont majoritaires (près de 6 personnes sur 10, en en légère augmentation depuis 2017). La part des ressortissants d’Asie diminue un peu mais reste aussi conséquente, si bien qu’à elles deux, ces régions du monde regroupent près de 85 % des flux d’entrées de 2018. Comme en 2017, les entrées sont équilibrées entre les sexes (50,8 % d’hommes) et plus d’un tiers sont motivées par des raisons familiales (37,6 %). Cependant, les raisons professionnelles augmentent et constituent, en 2018, 10 % des demandes. Contrairement aux années précédentes, le nombre de demandeurs d’asile a diminué entre 2017 et 2018.

L’âge moyen à la maternité continue d’augmenter, toutefois 0,5 % des naissances sont le fait de mères mineures
Pour la cinquième année consécutive, le nombre annuel de naissances enregistrées en 2019 (753 400) est en baisse du fait, principalement, de la diminution de la population des femmes en âge de procréer. La fécondité reste pour sa part stable (l’indice conjoncturel de fécondité est de 1,87 enfant par femme en 2019). À l’échelle européenne, la France demeure le pays le plus fécond. L’âge moyen à la maternité continue d’augmenter pour atteindre 30,7 ans pour l’ensemble des naissances et 28,8 ans pour les premières naissances. En revanche, les comportements féconds semblent de plus en plus polarisés. En effet, la différence entre la fécondité des femmes les plus diplômées et celle des moins diplômées a augmenté durant les 15 dernières années. Parmi les naissances, 4 111 sont le fait de mères mineures au moment de l’accouchement, soit 0,5 % des naissances. C’est en outremer que les naissances de mères mineures sont les plus fréquentes (1 naissance sur 20 en Guyane et à Mayotte).

Le nombre d’IVG augmente mais celui des femmes mineures y recourant poursuit sa baisse
Le nombre d’interruptions volontaires de grossesses (IVG) augmente en 2019 (230 000 contre 224 000 en 2018). L’indicateur conjoncturel d’IVG est de 0,58 avortement par femme contre 0,56 en 2018. La France fait partie des pays de l’Union européenne dans lesquels les taux de recours à l’IVG sont les plus élevés. En 2019, on compte 1 avortement pour 3 naissances, contre 1 pour 4 en 2018. Toutefois, si le nombre d’IVG augmente, celui des femmes mineures poursuit sa baisse et ne représente que 3,5 % des IVG en 2019.

Près d’un mariage sur trois est le fait de couples ayant déjà au moins un enfant en commun
Les nombres de mariages (234 735) et de pacs (208 871) ont augmenté en 2018, et l’écart entre ces nombres s’est encore amenuisé (25 854). En 2018, la proportion de mariages de personnes de même sexe (2,6 %) atteint le niveau le plus bas depuis 2013, la tendance est inverse pour les pacs (4,1 % en 2018). Les mariages sont toujours plus tardifs en France (35,4 ans pour les femmes et 37,9 ans pour les hommes). Cependant, pour les couples de même sexe, qui se marient plus tard que les couples de sexe différent, l’âge moyen diminue en 2018. Les remariages sont de plus en plus rares : d’une part, la probabilité de se marier après un divorce diminue au fil des cohortes de divorcés et, d’autre part, le nombre de personnes veuves baisse. Près d’un mariage sur trois en 2018 est le fait de couples ayant déjà au moins un enfant en commun. En moyenne, les divorces prononcés concernent 1,33 enfant dont 0,91 mineur.

C’est à l’âge de 10 ans que les enfants vivent avec le plus de (demi-) frères et sœurs
La situation familiale des personnes varie fortement en fonction de leur âge et de leur sexe, y compris pour les enfants, dans la mesure où elle dépend de la situation conjugale et résidentielle des parents avec qui ils cohabitent. C’est à l’âge de 10 ans que les enfants vivent avec le plus de (demi-) frères et sœurs.

L’espérance de vie poursuit son augmentation, néanmoins la mortalité infantile ne baisse plus depuis près de 10 ans
En 2019, l’Insee estime à 612 000 le nombre de décès, en hausse par rapport à 2018. Cette augmentation s’explique principalement par le vieillissement de la population et l’arrivée aux grands âges des générations du baby-boom. L’espérance de vie a poursuivi son augmentation en 2019, elle atteint 79,7 ans (+ 0,2 an) pour les hommes et 85,6 ans (+ 0,1 an) pour les femmes. La première cause de mortalité est celle liée au cancer et non, comme ailleurs en Europe, celle liée aux maladies cardiovasculaires, dont l’intensité est nettement plus faible en France. Toutefois, les taux comparatifs de mortalité par cancer continuent aussi à baisser, particulièrement pour les hommes, et cela quel que soit le type de cancer. Pour les femmes, la tendance est moins favorable du fait de l’augmentation constante des cancers du poumon. Ces différentes évolutions sont la principale explication de la diminution de l’écart d’espérance de vie entre hommes et femmes. La mortalité avant 15 ans est très faible en France. Ces décès sont très concentrés dans la première année de vie, voire même le premier mois de vie. La mortalité infantile ne baisse plus en France depuis près de 10 ans, contrairement à de nombreux autres pays européens.

 Téléchargez ici l’intégralité de l’article (extrait de la revue Population* n° 4, 2020)

Auteur-e-s : Didier Breton (Université de Strasbourg-Ined), Nicolas Belliot (Université de Bordeaux, COMPTRASEC), Magali Barbieri (Ined), Hippolyte d’Albis (École de Paris, CNRS), Magali Mazuy (Ined). 

 

* La revue Population, éditée par l’Ined, publie chaque année un article de conjoncture démographique qui analyse en détail les évolutions démographiques de la France au cours des dernières décennies jusqu’à l’année n-2 (jusqu’au 1er janvier 2020 pour une parution prévue en janvier 2021). Les données présentées sont donc moins récentes que celles publiées par l’Insee en janvier de l’année n dans le bilan démographique mais ce recul permet d’avoir des données plus détaillées sur la période étudiée et d’éclairer les évolutions observées. Par ailleurs, l’article propose chaque année l’approfondissement d’une thématique.