Pierre-Antoine Chauvin, ancien doctorant en sociologie et démographie à l’Ined

Pierre-Antoine Chauvin, ancien doctorant en sociologie et démographie à l’Ined, a reçu deux prix pour sa thèse "L’administration de l’attente : politiques et trajectoires de relogement des familles sans domicile à Paris", soutenue sous la direction de Catherine Bonvalet (Ined) et de Pascale Dietrich-Ragon (Ined/CMH) : le Prix spécial de thèse sur la ville 2021 du PUCA et le Prix de Recherche Caritas 2021.

Combien de temps avez-vous travaillé à l’Ined et sur quels projets de recherche ?

J’ai été accueilli à l’Ined de 2012 à 2020 au sein de l’unité de recherche "Logement, inégalités spatiales et trajectoires",  qui travaille notamment sur la question du mal-logement. Ma thèse a été financée conjointement par la Mairie de Paris via le dispositif des Conventions industrielles de formation par la recherche (Cifre) et par l’Ined. L’objectif de ma thèse était de proposer une analyse de la régulation des files d’attente pour l’accès au logement et de ses effets sur les trajectoires résidentielles des personnes sans domicile. Si je devais résumer mon objet en quelques mots, je dirais que j’ai cherché à savoir qui, parmi les personnes sans domicile, accède au logement social, sous quels délais et de quelle manière. Pour ce faire, j’ai suivi durant six années les trajectoires d’une cohorte composée de 769 familles issues de l’immigration et qui étaient hébergées à l’hôtel à Paris.

Quel parcours vous a conduit à l’Ined ?

Je préparais initialement des concours administratifs à l’Institut d’études politiques de Rennes, avant de prendre conscience que j’étais davantage intéressé par l’administration en tant que fait social plutôt que comme futur professionnel. Au fond, je souhaitais travailler sur le fait administratif dans le cadre de la mise en œuvre des politiques publiques, et plus particulièrement celles du logement. La direction du logement et de l’habitat qui m’avait accueilli dans le cadre d’un stage de fin d’étude a accepté de soutenir et de financer mon projet de thèse.  C’est dans ce contexte que je me suis rapproché de Pascale Dietrich-Ragon qui avait elle-même réalisée, quelques années auparavant, une thèse CIFRE au sein de la Société immobilière d’économie mixte de la ville de Paris (SIEMP). J’ai ensuite obtenu le soutien de Catherine Bonvalet (ma future directrice de thèse) et Eva Lelièvre (qui dirigeait l’unité de recherche à cette époque) pour être accueilli durablement à l’Ined. Au cours de ces années de recherche au sein de l’Institut, je me suis formé aux méthodes quantitatives avec l’aide du service des méthodes statistiques (SMS) mais aussi par la fréquentation quotidienne des statisticiens contractuels rattachés aux équipes de recherche. L’Ined est l’une des rares institutions qui offre aujourd’hui à ses doctorant.es les moyens matériels et financiers de mener à bien leurs recherches. 

Continuez-vous à travailler avec des chercheurs de l’Ined ?

Je suis actuellement chercheur postdoctorant au sein de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) qui dépend du Ministère des Solidarités et de la Santé. À ce titre, je suis toujours membre de l’unité de recherche et continue de participer à la vie scientifique de l’équipe. Ce postdoctorat s’inscrit dans la continuité de mes travaux de thèse qui portaient sur les conditions de sorties vers le logement ordinaire des personnes sans domicile. Dans le cadre de ces nouveaux travaux, nous tentons de produire une analyse dite en « séries longues » (1983-2021) de l’enquête quadriennale auprès des établissements et services en faveur des adultes et familles en difficulté (ES-DS).

(Entretien réalisé en janvier 2022)