Expérience et perception des discriminations en Île-de-France

L’observatoire régional des discriminations en Île-de-France a conduit avec l’Ined et l’institut iPSOS, en avril et mai 2015, auprès de 2500 personnes, une enquête sur les perceptions et expériences des discriminations en Île-de-France. Cette étude est la première enquête représentative en Ile-de-France permettant de recueillir l’expérience de discriminations avec non seulement leur prévalence mais également des informations décrivant les espaces où elles se produisent, leurs circonstances, les éventuelles réactions des victimes, les stratégies mises en œuvre pour les éviter et leurs conséquences sur les trajectoires de vie des personnes qui en sont victimes. La comparaison avec les résultats de l’enquête TeO (2008-2009) montre une permanence des niveaux de discriminations ethno-raciales et l’augmentation très forte des discriminations sexistes déclarées par les femmes et des discriminations religieuses déclarées par les musulmans.

Au-delà des discriminations, l’enquête met au jour les formes plus discrètes ou anodines des désavantages auxquels sont confrontés les groupes minorisés. La nécessité d’en faire plus pour pouvoir obtenir ce qui est donné à d’autres, l’évitement de certains lieux, l’auto-censure pour ne pas vivre l’échec provoqué par la discrimination ou les différentes stratégies de dissimulations volontaires (cacher sa religion ou son état de santé, changer volontairement de nom) ou imposées (se voir imposer un changement de patronyme). Ce sont par exemple 30% des femmes qui considèrent qu’elles doivent en faire plus au cours de leur carrière en raison de leur sexe ou 32% des musulmans qui pensent qu’ils doivent compenser le stigmate de leur religion pour accéder à l’emploi et 27% des minorités visibles qui ont dû en faire plus à l’école en raison de leur origine.

Source : Mireille Eberhardt et Patrick Simon, 2016, Expérience et perception des discriminations en Île-de-France, ORDIF.

Contact : Patrick Simon, directeur de recherche à l’Institut national d’études démographiques

Mise en ligne : décembre 2017