Les évolutions démographiques de l’Afrique subsaharienne entre 2000 et 2020 et les défis d’ici 2050

Consacrée à l’Afrique au Sud du Sahara (47 pays, 1,1 milliard d’habitants en 2020), la chronique parue en 2020 dans la revue Population 2020 2-3 propose à la fois une synthèse approfondie des grands changements sociodémographiques et sanitaires survenus dans la région entre 2000 et 2020 et un bilan statistique rassemblant les données récentes les plus fiables sur chaque pays.

Y sont examinées les évolutions de la nuptialité et de la famille, de la fécondité et de ses variables intermédiaires, de la mortalité (enfants et adultes), des migrations et de l’urbanisation, des effectifs de population et des structures d’âges, et sont enfin considérées les perspectives de population et les défis à relever d’ici 2050 en matière de formation, santé et emploi.

En matière démographique, l’Afrique subsaharienne conserve la croissance la plus rapide au monde depuis l’an 2000 (autour de 2,7 % par an contre 0,3 % à 1,8 % ailleurs), une fécondité très élevée bien qu’en léger déclin (4,7 enfants par femme en 2017 contre 1,7 à 2,8 ailleurs), la mortalité la plus forte (61 ans d’espérance de vie) mais en nette diminution (8 ans d’espérance de vie la sépare de l’Asie du Sud aujourd’hui, contre 12 ans en 2000). De 2000 à 2017, la population de l’Afrique a augmenté de 58 % et celle du reste du monde de 19 %.

Si l’Afrique conservera tout au long du XXIe siècle la croissance démographique la plus élevée et la population la plus jeune du monde, divers changements sont en cours, mais à des rythmes variables selon les régions, les pays, les milieux d’habitat et les groupes sociaux, conduisant à une diversification croissante des régimes démographiques subsahariens et à de fortes inégalités spatiales et sociales.

La fécondité vient, dans une majorité de pays, de connaître ses premiers reculs, la pratique contraceptive a augmenté, mais la demande d’enfants demeure élevée. Un peu partout, l’âge au 1er mariage progresse, la polygamie recule, mais les écarts d’âges entre époux et les proportions de mariages d’adolescentes demeurent élevés.

En revanche, la région dans son ensemble vient de connaître des reculs remarquables de la mortalité, notamment celle des enfants, et des gains notables d’espérances de vie ; le sida recule mais est loin d’avoir disparu, la mortalité maternelle reste très élevée, les maladies non transmissibles progressent et conduisent à un double fardeau épidémiologique.

L’Afrique s’urbanise mais à des rythmes divers, et plus lentement qu’on ne l’imaginait il y a encore 20 ans ; s’y multiplie aussi le nombre de grandes villes et de mégalopoles. Quant aux migrations internationales, en forte progression depuis 2000, si une grande majorité d’entre elles se déroulent toujours à l’intérieur du continent, on assiste à une diversification des destinations et à un recul des modèles traditionnels hors du continent.

Enfin, selon l’hypothèse la plus raisonnable des Nations unies, soit un doublement probable de la population d’ici 2050 et plus qu’un triplement possible d’ici 2100, l’Afrique subsaharienne est face à des défis considérables en matière d’éducation, de santé, d’emploi, de sécurité et de développement durable.

Une série d’annexes statistiques détaillant la situation de chaque pays, complète la publication :

  • Évolutions des densités et des effectifs de population de 1980 à 2050
  • Évolutions des taux de natalité, de mortalité et d’accroissement naturel de 1960 à 2020
  • Âge médian à la première union, proportion de mariages précoces, intensité de la polygamie et du célibat définitif dans les années 2010
  • Évolution de la contraception et de l’indice synthétique de fécondité de 1960 à 2020
  • Niveau, calendrier et caractéristiques de la fécondité dans les années 2010
  • Évolution de l’espérance de vie et du quotient de mortalité de 0 à 5 ans de 1960 à 2020
  • Conditions d’accouchement, mortalité et santé des enfants dans les années 2010
  • Structures par grand groupe d’âges, âge médian et rapport de dépendance en 1980, 2000 et 2020

Dix pays représentatifs de la diversité sociale, économique et démographique des sociétés subsahariennes sont plus particulièrement examinés : Nigeria, Rwanda, Ghana, Kenya, Zimbabwe, Burkina Faso, Niger, Cameroun, Tanzanie, Afrique du Sud.

Source : Dominique Tabutin, Bruno Schoumaker, La démographie de l’Afrique subsaharienne au XXIe siècle. Bilan des changements de 2000 à 2020, perspectives et défis d’ici 2050, Population 2020-2 et 3.

Contacts : Dominique Tabutin, Bruno Schoumaker

Mise en ligne : novembre 2020