Tania Lejbowicz

Post-doc
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Research field(s)

Thèse: Violences et écarts aux normes de genre. Enquête sur les trajectoires de femmes victimes de violences sexuelles

Direction de thèse: Carole Brugeilles (Université Paris Nanterre, Cresppa-GTM) ; Mathieu Trachman (Ined, Iris/EHESS)

Résumé: Les recherches sur les violences sexuelles montrent que les femmes homo- et bisexuelles en déclarent plus que les autres et que ces agressions sont plus souvent rapportées par des femmes aux comportements sexuels et conjugaux minoritaires. Comment comprendre les liens entre trajectoires minoritaires et violences sexuelles ? Pour répondre à cela, la thèse place le concept d’hétéronormativité au cœur de la réflexion et mobilise les données de l’enquête Violences et rapports de genre (Virage, Ined, 2015-2016) ainsi que des entretiens réalisés auprès de femmes victimes de violences sexuelles.
Un double mouvement apparaît. Certains aspects des parcours sexuels et conjugaux minoritaires surexposent les femmes à ces faits : les préférences pour le même sexe, un nombre élevé de partenaires, une entrée précoce dans la sexualité. Si ces écarts suscitent des rappels à l’ordre qui se lisent dans les violences sexuelles, ces rappels produisent dans le même temps une mise à distance de ces normes : les violences sexuelles façonnent les parcours sexuels et conjugaux et amènent certaines femmes à s’éloigner des normes de genre. Ces liens n’ont rien d’évident et présentent des caractéristiques spécifiques. En particulier, les distances à l’hétéronormativité prennent des formes différentes selon la sphère d’exercice des violences, l’âge auquel elles sont subies et les significations que les femmes leur accordent.
Si l’approche en termes d’écarts est éclairante, c’est bien l’ordinaire de la sexualité qui favorise l’exercice de ces agressions tout en contribuant à leur occultation. Ce constat invite à s’intéresser aux rapports des femmes aux violences sexuelles. Identifier, énoncer et dénoncer ces actes suppose certaines conditions et ressources. Ces processus varient d’une femme à l’autre, mais également au sein d’une même trajectoire, ce qui explique une part des écarts de déclarations de violences sexuelles.

Thèse en démographie-sociologie de l’Université Paris Nanterre soutenue le 18 novembre 2022 à l'Ined.

Some publications

Lejbowicz T., « Differences in Intimate Partner Violence Reported by Lesbian, Bisexual, and Heterosexual Women », Population, 2022/4, Vol. 77, p. 615-644

Lejbowicz T., Trachman M., « Measuring the violence experienced by sexual minorities: Sampling, data collection strategies, and population heterogeneity », Bulletin of Sociological Methodology/Bulletin de Méthodologie Sociologique, 2022/1, Vol. 153, p. 73-101

Lejbowicz T., « Connaissance et acceptation de l’identification sexuelle par les parents : quelles incidences sur la détresse psychologique des femmes cisgenres lesbiennes et bisexuelles ? », Bull Épidémiol Hebd., 2021/6-7, p. 111-119

Trachman M., Lejbowicz T., « Lesbiennes, gays, bisexuel·le·s et trans (LGBT): une catégorie hétérogène, des violences spécifiques », in Brown E., Debauche A., Hamel C., Mazuy M. (éds.), Violences et rapports de genre. Enquête sur les violences de genre en France , Paris, Ined, Grandes enquêtes, 2020, p. 335-390

Trachman M., Lejbowicz T., « LGBT and non-binary people in boxes. Statistical categorization and criticism of gender and sexuality assignation in a study on violence », Revue française de sociologie, 2018/4, Vol. 59, p. 677-705

Trachman M., Lejbowicz T., « People who identify as bisexual in France », Population & Societies, 2018, n° 561, 4 p.

Hamel C., Debauche A., Brown E., Lebugle A., Lejbowicz T., Mazuy M., Charruault A., Cromer S., Dupuis J., « Rape and sexual assaults in France:first VIRAGE results », Population & Societies, 2016, n° 538, 4 p.