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Dossier MAFE introduction

Cris Beauchemin

  • Migrations entre l’Afrique et l’Europe (MAFE) : Réflexions sur la conception et les limites d’une d’enquête multisituée

Cris Beauchemin

Peut-on parler de féminisation des flux migratoires du Sénégal et de la République démocratique du Congo ?

Sophie Vause et Sorana Toma

  • Quels sont les facteurs de migration multiple en Europe ? Les migrations sénégalaises entre la France, l’Italie et l’Espagne

Sorana Toma et Eleonora Castagnone

  • Intention et réalisation de migration de retour au Sénégal et en République démocratique du Congo

Marie-Laurence Flahaux

  • La migration internationale est-elle un facteur de divorce ? Les couples ghanéens au Ghana et à l’étranger

Kim Caarls et Valentina Mazzucato

  • Bibliographie critique

Migrations entre l’Afrique et l’Europe (MAFE ) : Réflexions sur la conception et les limites d’une d’enquête multisituée

Cris Beauchemin
Les migrations subsahariennes sont un sujet paradoxal en Europe : alors qu’elles ne représentent qu’une petite partie de la totalité des flux et des stocks de migrants, elles sont au coeur du débat public. La raison en est peut-être que les migrations africaines sont un phénomène mal compris, pour lequel on dispose de relativement peu de données quantitatives. Dans ce contexte, le projet Migrations entre l’Afrique et l’Europe (MAFE) a été conçu pour recueillir des données quantitatives originales afin de jeter un éclairage nouveau sur les migrations africaines. Cet article présente la méthodologie du projet MAFE dont l’objectif était de produire des données permettant d’analyser les tendances de migration, leurs causes et leurs conséquences au niveau micro. Le projet MAFE s’appuie sur des données comparables, longitudinales (rétrospectives), multiniveaux et multithématiques concernant trois flux migratoires africains (migrants congolais, ghanéens et sénégalais). Les enquêtes suivent une approche multisites, reposant sur des enquêtes menées à la fois dans les pays d’origine et d’accueil. Au-delà du projet MAFE, l’article met en évidence les problèmes classiques de la méthodologie
des enquêtes sur les migrations internationales, et préconise une approche plus (auto)critique dans ce domaine de recherche.

Peut-on parler de féminisation des flux migratoires du Sénégal et de la République démocratique du Congo ?

Sophie Vause, Sorana Toma
Plusieurs recherches, principalement centrées sur l’Asie et l’Amérique latine, ont fait état d’une présence croissante des femmes dans les flux migratoires internationaux, et plus particulièrement en tant qu’actrices économiques indépendantes. Cet article examine dans quelle mesure il est possible d’observer ces deux tendances dans le contexte africain. Il s’appuie sur des données collectées par le projet Migrations entre l’Afrique et l’Europe (MAFE) au Sénégal, en République démocratique du Congo et dans plusieurs pays  européens. L’analyse biographique en temps discret ne montre qu’une hausse modérée dans le temps de la probabilité de migrer pour
les femmes, plus particulièrement vers les pays occidentaux, mais pas de réduction des disparités entre les sexes. La collecte d’une information rétrospective riche auprès des migrants actuellement à l’étranger et de retour dans leur pays d’origine rend possible une analyse plus approfondie de la nature des migrations féminines. Plusieurs indicateurs nous permettent d’examiner dans quelle mesure les femmes se déplacent de manière autonome ou avec leur conjoint. Des signes de progression des migrations féminines autonomes ont été identifiés au sein de la population migrante congolaise, tandis qu’aucun changement saillant n’est perceptible au Sénégal. Un système patriarcal et des normes traditionnelles plus rigides en matière de genre caractérisent le Sénégal et peuvent expliquer certaines différences par rapport à la République démocratique du Congo.

Quels sont les facteurs de migration multiple en Europe ? Les migrations sénégalaises entre la France, l’Italie et l’Espagne

Sorana Toma, Eleonora Castagnone
La migration multiple – le fait de quitter le pays de destination afin de se rendre dans un pays tiers – est un phénomène sous-étudié. Elle remet en question l’idée selon laquelle la migration est un événement unique aboutissant à une installation permanente dans le pays de destination. En s’appuyant sur une étude récente effectuée sur plusieurs sites de la migration entre le Sénégal d’une part et la France, l’Italie et l’Espagne d’autre part, cet article examine les facteurs de remigration à l’intérieur de l’Europe. La nature biographique des données permet d’adopter une perspective fondée sur les parcours de vie et d’analyser, dans le cadre d’un modèle biographique en temps discret, la manière dont les processus d’intégration économiques, juridiques et sociaux du pays de destination façonnent les trajectoires de mobilité. Les résultats montrent que les travailleurs peu qualifiés, indépendants ou sans emploi, ainsi que ceux qui ne disposent pas de permis de séjour de longue durée sont les plus susceptibles de migrer à nouveau. En outre, le fait d’avoir des proches ou des amis dans le pays d’accueil décourage une nouvelle migration, tandis que la présence de liens sociaux dans d’autres pays européens constitue l’un des moteurs de la poursuite de la mobilité en Europe.

Intention et réalisation de migration de retour au Sénégal et en République démocratique du Congo

Marie-Laurence Flahaux
À partir des données biographiques du projet MAFE collectées à la fois auprès de migrants pendant leur séjour en Europe et de migrants de retour dans leur pays d’origine, cet article analyse, d’une part, l’intention initiale de retour des Sénégalais et des Congolais qui ont migré en Europe et, d’autre part, la réalisation de cette intention. Les résultats révèlent qu’au moment de leur arrivée, les individus envisagent de retourner dans leur pays d’origine avec l’objectif d’acquérir des ressources qu’ils pourront valoriser dans leur pays après leur retour. Cependant, si la situation dans le pays d’origine se dégrade fortement, comme c’est le cas en République
démocratique du Congo à partir des années 1990, les migrants préfèrent s’établir définitivement en Europe. En outre, plus il est difficile de migrer en Europe et moins les migrants ont l’intention de rentrer. Enfin, la détérioration du contexte politique et économique dans les pays d’origine et les politiques migratoires restrictives des pays d’accueil découragent le retour de migrants qui avaient l’intention de rentrer dans leur pays d’origine au moment de leur arrivée en Europe.

 La migration internationale est-elle un facteur de divorce ? Les couples ghanéens au Ghana et à l’étranger

Kim Caarls, Valentina Mazzucato
Cet article examine les effets de la migration internationale sur la probabilité de divorce parmi les couples ghanéens interrogés en 2009. Les couples ayant migré ensemble et les couples dont le mari ou la femme ont migré seuls sont comparés aux couples n’ayant aucune expérience de migration. La relation entre migration et divorce est replacée dans son contexte à l’aide des connaissances anthropologiques sur les relations conjugales au Ghana. Les données ghanéennes du programme de recherche Migrations entre l’Afrique et l’Europe, qui contiennent des informations rétrospectives sur les couples mariés, ont été analysées. L’analyse biographique
en temps discret montre que les couples migrants présentent des taux de divorce plus importants que les couples non migrants, mais seulement lorsque la femme a migré, indépendamment ou avec son conjoint. Les couples étant restés plus longtemps séparés présentent également un risque de divorce plus important, particulièrement lorsque c’est l’homme qui migre.

 

Prix TTC : 20,00 €

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