Les « famangiana » ou visites de solidarité à Antananarivo (Madagascar). Quand des événements démographiques suscitent visites et dons

le Lundi 14 Avril 2008 à l’Ined, en salle Sauvy.

Discutante : Anne Gotman (CNRS)

La communication est consacrée à l’étude des famangiana (terme que nous avons traduit par visites de solidarité) dans l’agglomération d’Antananarivo. Il s’agit d’une coutume malgache très ancienne, qui consiste à rendre visite à une famille à qui un événement, heureux ou malheureux - tel qu’une naissance, un décès, une maladie - est survenu, à la réconforter ou la féliciter verbalement, puis à offrir un don. Notre objectif est de fournir des données de cadrage sur cette pratique, puis d’analyser les facteurs qui déterminent les comportements des ménages.
Nous commençons par une mise en relief de cette coutume, où l’on décrit les usages anciens, leurs manifestations contemporaines, ainsi que les facteurs explicatifs pouvant expliquer les comportements. Puis, dans un deuxième temps, nous mobilisons les données de l’enquête « Santé-éducation-transferts » (SET), réalisée auprès de 1022 ménages de l’agglomération d’Antananarivo en 1997, pour quantifier et analyser les déterminants des pratiques. Pour six événements particuliers (naissance, mariage, événement religieux, anniversaire, visite d’un malade, décès), la participation des ménages aux famangiana et les montants des dons engagés sont mesurés puis confrontés à leurs caractéristiques sociales (âge du chef de ménage, statut matrimonial, etc.) et économiques (leur statut vis-à-vis de l’emploi, leurs revenus, etc.). Enfin, nous terminons l’étude par une comparaison de la mobilisation à l’occasion de deux événements, une naissance et un décès.
Les ménages participent massivement aux famangiana puisque, sur une période de trois mois, deux tiers d’entre eux ont effectué au moins une visite de solidarité parmi les six étudiées. Les montants des dons faits à l’occasion des famangiana, par contre, sont faibles, ce qui montre qu’ils sont plus symboliques qu’économiques. Une forte différenciation de la participation apparaît selon le statut matrimonial et le secteur institutionnel où le chef de ménage exerce son emploi, ce qu’on peut interpréter en termes de taille des réseaux de relations des ménages. On trouve aussi qu’un décès mobilise environ 5 fois plus de ménages qu’une naissance, ce qui signifie que les visites de solidarité surviennent surtout en cas d’événement malheureux.